Page:Sybel - Histoire de l’Europe pendant la Révolution française 2.djvu/199

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urbaine; qui excita le plus la haine et l’opposition de la noblesse. La licence effrénée des hautes classes n’avait pas eu seulement pour résultat la dissolution du gouvernement, elle avait corrompt]. la. noblesse elle-même, et lui avait fait contracter des habi~ tudes devenues invétérées de légèreté égoïste, d’insouciance, de prodigalité. Sa tyrannie envers le peuple avait eu pour elle une influence plus funeste encore, car le plus sûr et le plus juste châ-~ timent du despotisme est de corrompre le despote. Le trait le plus saillant du caractère national des Polonais est, à côté du courage et de la ruse, une vivacité d’impression qui les rend également accessibles aux meilleures et aux plus mauvaises passions. Au milieu de sa déchéance, ce peuple conservait la faculté de concevoir un ardent enthousiasme pour une noble cause mais il n’en avait pas moins sucé à longs traits le poison d’une immoralité dévastatrice. Enfants, les Polonais avaient grandi parmi des créatures dégradées, soumises à tous les caprices de leurs maîtres (1). Plus tard, une dévotion tout extérieure et, pour ainsi dire, mécanique, une écriture élégante, un latin barbare, étaient à peu près tout ce qu’ils avaient appris dans les écoles dos Jésuites où la jeunesse d’alors était encore élevée. Devenus hommes, jetés dans le tourbillon du monde et emportés par l’esprit de leur temps, ils s’étaient, pour la plupart, imbus de la frivolité du radicalisme français, dans lequel ils avaient trouvé la théorie de cet égoïsme et de cet amour du plaisir dont l’État et souvent la maison paternelle leur avaient donné un si terrible exemple. Ils justifiaient toujours leur ancien renom d’héroïsme à toute épreuve et de ruse inépuisable, et surpassaient toutes les autres nations en grâce extérieure, en galanterie, en aptitude à apprendre toutes les langues et à acquérir promptement des connaissances superficielles; mais la culture intellectuelle n’était pas assez profonde chez eux pour transformer le caractère, pour réprimer les passions, pour fortifier les vertus morales. Une administration régulière était chose aussi rare au foyer domestique que dans les services pu. biles à côté d’un luxe princier se voyait une malpropreté repoussante faut-il le dire, dans les fêtes les plus brillantes, des vête(1) Mtdmesbnry, DMu’i~I, 26 c Prince Czartoriski’s pcrsonat servante itmounted to 375. Thé number in bis Country-boUse is tnnnitcly gre&ter. »