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LE PARTAGE. ~9

Prusse; vous avez ordonné au général Igelstroem d’apaiser les esprits et de se mettre en garde contre les Prussiens. 11 faut donc me fournir de plus grandes ressources, car le généra! Moel!endorf a ordre d’avancer le plus possible; il a reçu de sa cour -100000 ducats, et il en a déjà distribué 80 000. Quant à moi, je n’en ai que 10000, et il m’en faudrait beaucoup plus. x

De telles déclarations n’ont pas besoin de commentaires; elles montrent que le cabinet de St-Pétersbourg comprenait combien la conquête de Posen avait d’importance pour l’indépendance politique de la Prusse, et avec quelle répugnance elle faisait àson nouveau système le sacrifice d’y consentir. Un homme plus perspicace que Buchholz eût reconnu Lien vite le peu de garanties que lui offrait l’alliance russe, car, dès le premier moment, il s’était présenté des dimcultés politiques et militaires. La ligne de démarcation des frontières proposée à la Prusse avait été établie d’après une carte pleine d’erreurs, d’où il résultait qu’elle se trouvait, sur plusieurs points, très-défavorablement tracée sous le rapport stratégique. Du côté des Russes, on s’était contenté d’indiquer les trois quarts de la frontière par une ligne droite lorsque le partage s’effectua, les généraux russes firent ensuite eux-mêmes toutes les modifications nécessaires, et toujours, on le comprend, aux dépens de la République. Le général Moellendorf, en ayant instruit son gouvernement, reçut l’ordre de suivre cet exemple; mais il rencontra sur tous les points l’opposition des commandants russes, qui, vis-à-.vis de lui, défendirent les intérêts des Polonais comme les leurs propres. Ils voulurent bien consentir à ce que Moellendorf comprît dans ses limites quelques districts des environs de Czenstochowa, Lenzyk etWiuenberg; mais lorsqu’il poussa ses prétentions jusqu’à la ville de Zakrozyn, voisine de Varsovie, Igelstroem lui opposa la lettre du traité, et Sievers, qui avait pris près de la Prusse comme près des Polonais le rôle de médiateur, se contenta de donner de vagues espérances pour le moment où la diète en délibérerait, ce qui prévint une rupture ouverte.

Tout en avançant pas à pas, la Russie était donc arrivée à son but. Nous avons vu comment poursuivant son oeuvre avec une persévérance et une prudence méthodiques, elle s’empara