Page:Sybel - Histoire de l’Europe pendant la Révolution française 2.djvu/207

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

LE PARTAGE. 203

agressive envers la Pologne, dans le sens le plus complet du mot, et sans l’ombre d’un droit. Mais si jamais politique agressive fut indiquée et même imposée à une nation par les circonstances, ce fut bien ici. Ce qui imprima à cette époque son caractère fatal, ce qui ébranla tout l’ancien système de l’Europe, ce ne furent ni la Révolution française ni la politique conquérante de la Russie, prises isolément; ce fut la coïncidence de l’une et de l’autre, coïncidence qui vint tout à coup mettre en question tous les droits existants. On comprend que, dans de tels moments de crise, le sentiment de la conservation personnelle passe en première ligne pour chacun la responsabilité réelle retombe moins sur ceux qui ont continué le combat commencé, que sur ceux qui ont amené l’explosion première ou n’ont pas cherche à la prévenir. Il n’est pas difficile, d’après les faits que nous venons de raconter, d’appliquer cette règle à la question polonaise. La Prusse fut la puissance qui la première, depuis 1791 et depuis la menace d’une guerre française, parla d’étendre son territoire et d’obtenir des indemnités, et qui introduisit par là l’égoïsme, la désunion et l’envie dans une coalition qui n’avait d’abord pour but que de se défendre, sans qu’il s’y mêlât aucun sentiment d’intérêt. Cette faute, on ne peut ni la voiler, ni l’excuser. Les torts de la cour de Vienne ne sont pas moins évidents ce furent eux qui excitèrent l’animosité de la Prusse contre la Pologne en même temps qu’ils rompirent les nouveaux liens établis entre les puissances allemandes nous voulons parler du plan de réunion de la Pologne à la Saxe, rêve de Léopold, et des prétentions de François II sur les margraviats de Franconie. Ces fautes eurent pour conséquence immédiate de semer la désunion entre l’Autriche et la Prusse, et d’exciter la triste rivalité avec laquelle ces puissances recherchèrent l’alliance russe, à l’envi l’une de l’autre, pendant les mois de juillet et d’août. Enfin ce furent les affaires de France qui, au mois de septembre, tranchèrent la question. En offrant alors aux Français la paix générale pure et simple, la Prusse renonçait de fait à tous ses plans d’agrandissement du côté de la Pologne, car il était clair que si la paix se concluait, l’Autriche, la France et l’Angleterre interviendraient en faveur de l’intégrité du territoire polonais. Toute