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LA BELGIQUE EST REPRISE PAR LES AUTRICHIENS. 217

sans nombre. » La campagne se serait terminée là si Cobourg eût pénétré sans retard au delà de Liège avec toutes ses forces; mais la prise de cette ville semblait d’une si grande importance, il y avait tant d’affaires politiques et administratives à y régler, que le prince s’y arrêta quelques jours, laissant aux généraux français le temps de rappeler Champmorin et Lamarlière qui s’étaient portés rapidement de Ruremonde Diest et à Saint-Tron si bien que le 8, ces divers corps se trouvèrent réunis derrière la ville de Louvain, où le canal les protégeait. L’arrière-garde seule resta à Bautersem et occupa Tirlemont avec quatre cents hommes.

La déroute de l’armée française excita la plus grande agitation en Belgique. Depuis que les trente commissaires du gouvernement s’étaient abattus sur ce pays, il n’était pas une province qui n’eût ressenti le contre-coup du décret du 15 décembre. Partout les impôts avaient été abolis et l’ordre ébranlé; partout les autorités existantes avaient été cassées et de nouvelles élections ordonnées. En attendant, tous les biens des princes, des villes, de l’Église et des corporations avaient été confisqués. Le but premier de ces mesures, Cambon l’avait déclaré dés le principe, était de re:nplir le trésor de la France au moyen des richesses de la Belgique. A ce projet, Danton en avait ajouté un second, en déclarant sans détour à la Convention, le 3 janvier, qu’aussitôt que les prolétaires belges seraient émancipés, l’incorporation de la Belgique au territoire français se ferait sans dimculté. En conséquence, un décret avait décidé le même jour que les assemblées primaires de Belgique ne se borneraient pas à élire de nouvelles autorités, mais qu’elles se prononceraient encore sur la constitution future de leur pays ce décret menaçait en même temps de traiter en ennemis ceux qui ne se déclareraient pas en faveurde la liberté et de l’égalité. Comme on n’ignorait pas à Paris quelles répugnances et quel mauvais vouloir on aurait à surmonter avant d’arriver au but, le ministère avait donné pour mission ses commissaires de surveiller de près toutes les assemblées primaires et d’examiner la validité de leurs votes ou, pour parler plus clairement, de leur dicter ses ordres, en se faisant appuyer par les armes françaises. Ce fut ce qui arriva partout. A Namur, les autorités ne voulant pas laisser faire de nouvelles élections, le général d’Ilar"