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S20 DEUXIÈME PARTAGE DE LA POLOGNE.

où régnait un tout autre esprit qu’en Belgique et où la majorité des habitants était favorable à la réunion à la France, le vœu de la population avait été exprimé et envoyé à Paris dès le 28 janvier mais partout ailleurs, les choses se passèrent bien différemment. A Mons, cent cinquante partisans de la réunion chassèrent de l’assemblée un millier de leurs adversaires, avec le secours de la garnison, et déclarèrent alors librement et unanimement qu’ils voulaient faire partie de la nation française. Les bourgeois de Gand s’épargnèrent quelques semaines plus tard une semblable violence en ne se rendant même pas à l’assemblée du peuple; là, ce furent une centaine de prolétaires et soixante détenus qui, sous la présidence d’un cordonnier, mirent la ville aux pieds de la République, au nom du peuple souverain. Une scène analogue se joua, sous la présidence du colonel français Lavalette, dans la cathédrale de Bruxelles; après quoi les sans-culottes célébrèrent ce beau jour en saccageant solennellement plusieurs monuments « aristocratiques Il est inutile de continuer ce récit: dans toutes les autres provinces, les choses se passèrent de même

Toutàcoup, au milieu de ces mesures oppressives, tomba comme un coup de foudre la nouvelle de la défaite rapide et complète des oppresseurs, de la fuite des troupes françaises repoussées hors de l’Allemagne, de l’approche des Autrichiens, qui, s’avançant toujours, n’étaient plus qu’à deux jours de marche de Bruxelles. L’aspect du pays changea aussitôt. Les Jacobins commencèrent à cacher leur richesses et à s’enfuir; les bourgeois se rassemblèrent, les paysans se soulevèrent spontanément. Le coup de grâce fut donné par les commissaires de la Convention, qui ordonnèrent d’enlever et d’envoyer à Paris les vases sacrés d’or et d’argent donnés aux églises par les corporations abolies, ordre que des agents subalternes étendirent à toutes les églises du pays, et qui s’exécuta au milieu du plus affreux tumulte. La patience était à bout le peuple des campagnes surtout, attaqué dans ses sentiments religieux, protesta en masse contre ce sacrilège. Divers soulèvements eurent lieu en Flandre, en peu de jours, dix mille hommes furent réunis à Grammont, une attaque de la garnison de Gand fut repoussée par eux, et ils se rendirent maîtres de deux canons français. Une