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222 DEUXIÈME PARTAGE DE LA POLOGNE.

avaient déjà été envoyés. A Bruxelles, il destitua le gouverneur de la ville, chaud partisan des Jacobins, 6t arrêter le commissaire du gouvernement, et ordonna le désarmement de l’armée dite des sans-culotes (1). <: Il invita toutes les communes du pays à réunir leurs justes griefs, et adressa le 12 mars à la Convention une lettre dans laquelle il dévoila tous les abus qui avaient eu lieu jusqu’alors. Par chacune de ces mesures, il rompait de plus en plus complètement avec les chefs du pouvoir. Les commissaires de laConvention le lui déclarèrent en termes amers; ils congédièrent même une députation des habitants de Bruxelles, qui, en vertu des derniers ordres deDumouriez, venait réclamer les vases sacrés enlevés aux églises de la ville, en lui répondant que le général n’avait pas ici à donner des ordres, mais à en recevoir. Dumouriez n’avait pas besoin de telles insultes pour comprendre qu’il se trouvait en face d’ennemis irréconciliables. Il savait bien qu’on se servirait de lui tant qu’on croirait en avoir besoin pour combattre les Autrichiens, mais qu’ensuite son sort était décidé d’avance par les hommes qui disposaient de l’échafaud révolutionnaire. Il n’avait pas l’intention de l’attendre patiemment; mais avant tout, il s’agissait de rester maître de la partie, de repousser rapidement les Autrichiens, de compléter la conquête de la Hollande, et de s’attacher par là son armée d’une façon indissoluble, pour prendre ensuite avec elle une revanche sanglante sur les Parisiens. Cette seule route’s’offrait alors à lui cependant si la fortune l’abandonnait, il lui restait encore une dernière ressource. Il se hâta donc de quitter Bruxelles et de se rendre à l’armée. Il avait fait arrêter et rassembler de tous côtés les fugitifs, et avait envoyé au général Neuilly l’ordre de quitter les Ardennes pour venir le rejoindre avec quatre mille hommes. La garnison de Bruxelles devait lui en fournir quinze cents autres, ce qui portait à cinquante mille le nombre des hommes qu’il allait avoir à Louvain; il se trouvait par là de force à peu près égale à celle de l’ennemi (2). Dès son arrivée à Louvain, il se fortiûa dans l’idée d’attaquer le premier, résolution qui, sous le (1) Les commissaires eux-mêmes écrivirent au ministre de la guerre, le 14 mars, que Dumouriez avait pris sur lui une foule de mesures arbitraires, mais que cela avait été nécessaire pour éviter un soulèvement général.

(2) On évaluait, au quartier général français j les forcea autrichiennes à cinquante et un mille hommes (Miranda à Pétion, 21 mai).