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LES PARTIS EN. FHANCE. 19

voyait qu’un seul moyen de sortir des difficultés qui l’accablaient. Diminuer les dépenses, personne M’y songeait rétablir l’ordre dans l’administration, Roland seul s’en occupait peut-être les autres, éblouis par les premiers succès des armées françaises, n’avaient plus qu’un programme nourrir la république au moyen du butin fait à la guerre. La solde de l’armée, que ne pouvaient plus fournir les caisses du gouvernement, devait, selon eux, être payée par les pays conquis la masse des assignats; sous laquelle succombait la France, devait être répartie entre les peuples environnants. La Révolution avait confisqué tout ce qui pouvait se confisquer avec une apparence d’honnêteté politique; il fallait maintenant faire supporter les dépenses par les autres nations de l’Europe. Les négociations entamées avec la Prusse ne devaient donc plus être considérées comme autant de pas faits vers la paix générale, mais seulement comme des moyens d’arriver à de nouvelles victoires. Tant qu’il existait un déficit dans les caisses de la Révolution, la vieille Europe n’avait pas de repos à espérer du côté de la France.

Tout le monde était d’accord, au conseil des ministres, sur la nécessité de continuer la guerre et de la porter au delà des frontières françaises. Lebrun, ministre des relations extérieures, détestait l’Autriche parce qu’elle avait asservi Liège, sa seconde patrie, et l’Angleterre parce qu’elle lui avait refusé une pension lors de sa vie de journaliste (1). Brissot lui avait communiqué jadis son zèle cosmopolite, et Dumouriez son audace; mais il avait dépassé ces deux maîtres, et il étendait maintenant a toute l’Europe ses plans révolutionnaires. Garat, le nouveau ministre de la justice, et Grouvelle, secrétaire du conseil, lui appartenaient sans réserve. Monge, ministre de la marine, se réjouissait, en ardent républicain, de tout nouveau désaccord qui surgissait avec une tête couronnée; le ministre des finances, Ctavière, convoitait avec impatience les trésors des pays belges, et Pache, ministre de la guerre, semblait n’avoir d’autre pensée que celle de satisfaire en toute occasion sescoHcgucs et i’opinion publique. Roiand lui-même, bien que cette politique de pillage a l’extérieur s’accordât peu avec son système d’ordre intérieur, était (1) Lettres de Mites a Lebrun, publiées par l’auteur, et sur lesquels s’c~t fondé Herbert Marseh pour ses écrits, que nous citerons bientôt.