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CHANGEMENT DE MINISTÈRE EN AUTRICHE. 235

Convention, bien qu’elle fût instruite de tout, n’avait aucun moyen d’agir contre lui; or, il est avéré que, le 28 encore, les troupes de ligne, la seule partie importante de cette armée, partageaient complètement les sentiments de leur chef. Loin d’être gagnées par les discours anarchiques deDubois-Crancé, elles entêtaient offensées elles accueillirent le général par des acclamations enthousiastes, lorsqu’il leur développa sans détours son plan d’attaque contre. Paris, et le 31, quelques volontaires ayant osé menacer sa vie, tous les régiments lui exprimèrent à l’envi leur indignation et leur dévouement. Quelle cause donc l’empêcha de faire succéder immédiatement l’action à la menace?

Lui-même nous l’apprend il tomba dans ces hésitations qui, tour à tour, perdirent Lafayette, lui et la Gironde. Autant ces hommes et ce parti étaient hardis et habiles dans l’œuvrc de destruction, autant ils se montrèrent timides et incertains dans l’œuvre contraire. Dumouriez n’avait jamais trouvé d’entreprise trop hasardée, il n’avait jamais été arrêté par la crainte de sacrifier quelques vies, et pourtant il hésita ici à faire désarmer à l’improviste les volontaires par les troupes de ligne. Celles-ci lui eussent aussitôt obéi, car elles méprisaient ces bandes indisciplinées qui, après n’avoir songé qu’au pillage pendant la campagne, s’étaient montrées si lâches dans la retraite; le désordre qui régnait parmi elles eût d’ailleurs rendu la tâche très-facile. Mais Dumouriez craignit que ce choc des deux masses ne fit couler des flots de sang, lui qui, en tout autre temps, se serait dit que c’était le meilleur moyen de s’attacher indissolublement les troupes. II tenta donc, avant d’en venir là, de sonder l’opinion à Paris; il écrivit le 28 à BeurnonviIIe, lui parlant de la modération des Autrichiens, qui étaient tout disposés à la paix si l’on rétablissait l’ordre à l’intérieur du pays, et le priant de traiter cette question avec les grands comités de la Convention. Mais il ne se trouvait plus personne à Paris .qui eût le courage ou le désir de prendre le parti du général. Ses adversaires, eux, étaient des hommes qui ne reculaient devant aucun moyen l’attaque des volontaires avait déjà été provoquée contre lui, le 31, par le (1) Les noms de ces officiers sont connua. Dés le 21, les commissaites de lit Conventtuo avait délibéré à Lille au sujet de l’arrestation du gei~t-at.