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236 DEUXIÈME l’AHTAGE DE LA POLOGNE.

Comité deSalut public; violence, ruse, séduction tout fut mis en œuvre pour le perdre (1). Sa situation empirait d’heure en heure. Après s’être retiré pas a pas devant l’armée autrichienne, il était arrivé sur le sol français, près de Saint-Amand et de Maulde. Là, sur cette frontière du Nord ou le sentiment national avait été si vivement excité par la guerre et les triomphes de l’année précédente, il suffisait pour perdre Dumouriez aux yeux des habitants, bien que beaucoup d’entre eux détestassent les démocrates parisiens (2), que le général fùt en négociations avec l’ennemi. Les garnisons de Lille, de Condé et de Valenciennes, travaillées en tous sens, se décidèrent pour la Convention; ces villes furent dès lors perdues pour Dumouriez. Au sein de l’armée même, plusieurs généraux, entre autres Dampierre, se déclarèrent contre lui, comme ils l’avaient fait en août contre Lafayette; l’idée d’une constitution modelée sur celle d’Angleterre était impopulaire dans l’armée; ceUe-ci réclamait la constitution française de 1791, qui d’ailleurs, par suite des événements, offrait alors la seule bannière sous laquelle pussent se ranger en France les libéraux amis de l’ordre. Les relations secrètes de Dumouriez avec les Autrichiens éveillaient surtout des soupçons incessants; en effet, si lui-même était rassuré contre les vues ambitieuses de l’Autriche par les promesses que lui avait faites Cobourg, ses troupes, qui ne voulaient pas plus que lui trahir leur patrie, n’étaient-elles pas en droit de demander à être rassurées de même ? Les choses étaient donc indécises des deux côtés, lorsqu~au lieu d’une réponse favorable à sa lettre du 28, Dumouriez reçut soudainement la nouvelle que le ministre de la guerre arrivait avec quatre commissaires de la Convention pour l’inviter à se rendre à Paris, et, en cas de refus, pour le destituer et l’arrêter. L’avis ne précéda que peu l’exécution. Le moment décisif était donc arrivé; Dumouriez n’était plus maître de choisir. Après une courte dé(t) Le rapport de Fabre à la Convention, du 3 avril, ne laisse aucun doute a. ce sujet à quiconque ne veut pas fermer les yeux à l’évidence. Le 1~ août 1793, cinq de ces volontaires furent présentes à la Convention, comblés d’éloges pour ta. tentative d’assassinat qu’ils avaient faite contre lu traitre, et gratifiés de 6000 livres. Les protocoles du Conseil des ministres contiennent des détails sur d’autres projets de meurtre formés contre Dumouriez.

(2) Je prouverai plus loin cette assertion.