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CHANGEMENT DE MINISTÈRE EN AUTRICHE. 2M

d’Anvers à son quartier général, plein de douleur et d’irritation, et tellement affermi dans sa conviction, qu’en dépit des tracasseries auxquelles il venait de se trouver en Lutte, il n’hésita pas à faire une tentative pour se mettre en rapport avec la Convention. Après l’arrestation des commis saires français, leurs collègues de Lille lui avaient écrit pour lui demander la mise en liberté des captifs; ils accablaient en même temps Dumouriez d’injures, et Cobourg, dans une réponse négative mais polie, avait cherché à justifier la conduite du général français. Le 12 avril, le lieutenant-colonel 1 Chérin parut à ses avant-postes, porteur de plusieurs pièces importantes, entre autres d’une lettre confidentielle des commissaires français, lettre dans laquelle, tout en renouvelant leurs plaintes contre Dumouricz, ils s’exprimaient avec tant de modération que la Convention en fut plus tard très-irritée; puis d’une seconde lettre officielle, qui contrastait singulièrement avec la douceur de la première, car elle était toute remplie de grandes phrases républicaines sur Annihal, les Romains, le triomphe de la liberté, et menaçait les despotes de quatre-vingt mille Parisiens en armes. Cobourg reçut le porteur de ce message en présence du colonel Mack il commença par exprimer ses regrets de voir la France rendre la paix impossible par de telles déclamations, puis il demanda pourquoi les Français ne consentaient pas à accepter la constitution de 4.791 et à apaiser ainsi l’inimitié de l’Europe. « Ils auraient bien des motifs pour désirer un accommodement, ajouta Mack, car l’Angleterre a déjà consenti à ce que l’empereur d’Autriche étendît considérablement ses frontières. D Quelques observations sur Dumouriez furent encore échangées, après quoi Mack fit un nouveau pas en avant. Comme le prince de Cobourg avait appris A Anvers que son gouvernement n’était nullement porté vers la paix, il lui fallait diriger l’attention des Français d’un autre côté. a Le prince regrette, dit Mack, de ne pouvoir parier en ce moment que comme chef d’armée et non comme négociateur; mais, dans le fond de son cœur, il désire la paix, et si le gouvernement français la df~h’e de même, c’est au roi de Prusse qu’il faut maintenant s’adresser. » « Le roi de Prusse, reprit Cobourg, est bien disposé; il est trés-abordaHe et d’un caractère fort loyal. – Il