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252 DEUXIÈME PARTAGE DE LA POLOGNE.

acquérir des provinces françaises, il fallait qu’elle reconnût le partage. Mais, rompre l’alliance prussienne, se créer des difficultés au sujet de la Pologne avec Frédéric-Guitaume et Catherine II, repousser en même temps toute démarche de nature à amener la paix avec la France, ne pas renoncer résolument et loyalement au plan bavarois comme le demandait l’Angleterre, l’unique alliée qui lui restât, on conviendra que c’était jeter la politique autrichienne dans la situation la plus compliquée et la plus équivoque qui se pût imaginer.

Voyons maintenant dans quelles circonstances cette nouvelle tournure prise par les événements fut connue au quartier général prussien, et l’effet qu’elle y produisit.

Deux jours avant le changement de ministère autrichien, le roi de Prusse, conformément à ce qui avait été conclu avec Cobourg, avait ouvert ses opérations contre Custine. Une division prussienne avait quitté Coblentz pour remonter le Rhin, et une division autrichienne, venant de Trèves, avait traversé le IIondsruck en se dirigeant vers Baumholder; après quoi, le gros de l’armée prussienne passa le Rhin à Bacharach, le 25 et le 26 mars, se tourna de là vers la Nahe, et força Custine à se retirer promptement vers le sud. Ces mouvements ne donnèrent lieu à aucune action importante, car Brunswick n’avançait qu’avec sa circonspection accoutumée; mais un combat livré à Waldalgesheim par le prince de Ilohenloho suffit pour prouver la supériorité des troupes allemandes et pour enlever à Custine toute pensée de résistance sérieuse. Custine commandait alors toutes les troupes du Palatinat et de l’Alsace; de plus, il devait appuyer l’armée de la Moselle, placée sous les ordres du général Ligneville. Celui-ci, après la marche des Autrichiens à travers le Hundsruck, avait retiré ses avant-postes du côté du sud, et Custine, pour justiGer sa retraite, ne manqua pas de faire valoir plus tard ce mouvement, par lequel Lignevi!le avait découvert son Sanc gauche. Mais cette retraite fut due bien plutôt à la mauvaise qualité de ses troupes, composées de soldats mal nourris, de volontaires turbulents, de gardes nationaux peu exercés au métier des armes, qui ne manquaient pas de courage mais d’ordre et de discipline, et qui, en face des énergiques attaques de la cavalerie de leurs adversaires, se dispersèrent presque sans coup férir. Les co-