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364 DEUXIÈME PARTAGE DE LA POLOGNE.

vu l’étendue de la place et de ses ouvrages extérieurs, fût non pas de vingt mille hommes comme on le pensait,’ mais de trentetrois mille. En conséquence, le roi de Prusse demanda instamment au prince de Cobourg les quinze milleAutrichiens qu’il avait promis de faire venir de Belgique mais il apprit alors que Cobourg n’avait plus que trente mille hommes et ne pouvait, par conséquent, se -passer d’un seul de ses soldats. Le roi réclama ensuite une indemnité prise sur la caisse de l’Empire pour le landgrave de Hesse-Cassel, qui avait fourni de nouveau six mille hommes sur quoi Cobourg répondit qu’on manquait absolument d’argent. Les vides des rangs des assiégeants furent cependant peu à peu remplis par divers contingents il arriva quelques troupes de Darmstadt, quelques bataillons impériaux, et enfin, à force de représentations sévères, des troupes bavaroises, bien que l’électeur ne se décidât qu’à grand’peine à affronter le danger de rompre ses relations avec la France. « H verra, disait Lucchesini avec une courtoisie raifleuse, que, d’après notre constitution gothique, un prince de l’Empire peut être forcé à fournir des troupes pour la guerre, tout en conservant la neutralité de son pays. Tout cela refroidissait naturellement quelque peu le zèle belliqueux avec lequel on avait entrepris la délivrance du territoire allemand mais les chefs furent confondus lorsqu’ils apprirent ce qui s’était passé aux conférences d’Anvers et qu’ils eurent connaissance du plan de l’Angleterre, en vertu duquel l’Empereur ne devait plus échanger la Belgique contre la Bavière, mais la conserver et l’augmenter. Jusque-là, tout avait indiqué que l’empereur avait toujours l’ardent désir d’acquérir la Bavière. L’héritier de cc pays, le duc Maximilien de Deux-Ponts, venait d’arriver au camp et remuait ciel et terre afin d’empêcher l’échange. Lord Elgin luimême, qui résidait au quartier général en qualité de chargé de pouvoirs de l’Angleterre, remarqua, dans une audience particulière, l’anxiété avec laquelle ce prince le pria de conjurer le roi d’Angleterre de s’opposer, comme électeur de Ilanovre, à ce que les Wittelsbach fussent transférés à Bruxelles (1). Sa crainte d’un acte de violence immédiate, qu’il manifestait claire(1) Lord Elgin à Grenville, 19 avril.