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LE PUHMtEIt COMITÉ DE SALUT PUBLIC. 261

femmes se mirent de nouveau à la tête des émeutes, comme en octobre 4789. Les blanchisseuses, exaspérées par le prix élevé du savon, réclamèrent la peine de mort contre les accapareurs le club des dames de la halle et des fruitières demanda qu’on établît une égalité de valeur entre le’papier-monnaie et l’argent monnaye enfin, pour qu’il ne restât aucun doute sur la portée politique de ces réclamations, vingt-huit sections décidèrent le même jour qu’il fallait exiger de la Convention une réparation d’honneur en faveur des meurtriers de septembre. Eriger en droit le meurtre patriotique était évidemment le moyen le plus simple pour rendre le peuple souverain maître de disposer, au profit do tous, de la fortune des riches.

La Municipalité, d’où émanaient, comme en septembre, toute cette agitation et toutes ces motions, était sans cesse occupée à se procurer des moyens d’action plus puissants encore que l’excitation des masses. Sa force armée était complétement organisée (1); elle se composait des vieilles bandes du 10 août et du 2 septembre, des « tape-dur comme le peuple des halles nommait les bandits avec lesquels il confratermsjait. Leur chef était alors l’écrivain Maillard, qui avait été à la tête du cortége des femmes le 6 octobre 1789, et qu’on avait retrouvé en septembre comme grand-juge du tribunal populaire. C’était par lui que les ordres de la Commune étaient transmis chaque jour aux compagnies ré’pM-ties entre les différentes sections de la ville. A la tête de ces compagnie~ étaient placés partout les gens les plus éprouvés, misérables aventuriers de toutes les nations, également prêts àte Taire orateurs dans les sections ou assassins dans la rue. A côté Je cette armée révolutionnaire, la Commune possédait une police non moins révolutionnaire dans les comités des sections établis pendant le procès de Louis XVI. Chacun de ces comités se composait d’une douzaine d’hommes environ, tous petits artisans sans éducation ni fortune, animés d’un ardent patriotisme, et qui, sûrs de la puissante protection deMaiDaro, se chargeaient, sur un signe de la Commune, des sommations, des saisies, des arrestations, en vertu de la souveraineté populaire. La Municipalité avait donc son pouvoir fortement assuré à (1) Mortuncr-TM’naux,IV~221.