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LE PREMIER COMtTË DE SALUT PUBLIC. 267

priété ne lui a pas été imposée par la misère ou la nécessité; elle a été le résultat, ici de la paresse et de la cupidité, là de la vanité du peuple souverain, qui aurait cru se dégrader en gagnant son pain à la sueur de son front. L’asservissement des classes aisées, décidé pendant les conquêtes des Français en Hollande, n’avait pas pour but de protéger le pays contre les armes étrangères il était, au contraire, dans l’intérêt de la démocratie de prolonger la guerre, car elle assurait au gouvernement une plus grande force militaire, aux ouvriers un salaire plus élevé, et promettait au premier comme aux seconds un butin d’une incalculable valeur, tant en France qu’à l’étranger. Personne n’admettait la possibilité d’un écbec sur les frontières lorsque cet écbec arriva, on Ht comme en septembre: on songea moins à conjurer un danger qu’on ne croyait pas sérieux, qu’à profiter du malheur accompli pour soulever les masses et écraser le parti modéré.

Ce fut le 5 mars que la nouvelle de la perte d’Aix-la-Chapelle arriva à Paris. Aussitôt, Robespierre demanda à la Convention ,la mort de tous les officiers aristocrates, et au club la flétrissure de tous les journalistes propagateurs de maximes empoisonnées. Desfieux proposa ensuite l’établissement d’un nouveau tribunal révolutionnaire, investi de pouvoirs illimités pour exterminer les traîtres. La Municipalité applaudit à ces motions dans toutes les sections s’éleva un cri unanime et. tumultueux contre les conspirateurs, les réactionnaires, les riches égoïstes. Marat dénonça dans ses écrits la perfidie manifeste des généraux que Beurnonville défendait d’une manière aussi coupable qu’insensée. « Nous ne pouvons plus nous fier aux ministres, » s’écria la section du Louvre. –< Malheureux soldats, dit la section de l’Oratoire, qui ont été conduits à la boucherie par leurs officiers !))–(( M faut, dit Robespierre à la section Bonne-Nouvelle, il faut que le peuple s’arme pour la guerre, tandis que nous étouffons les conspirations a l’intérieur a. La mer montait toujours, comme après le 10.aoùt. Toutes les fractions du parti démocratique étaient en fermentation; toutes s’agitaient sans plan arrêté, s’efiurçant de se surpasser mutuellement en confusion et en désordre. Robespierre visait surtout à l’anéantissement légal de ses adversaires, et la Municipalité, dans ses idéçs çom-