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276 SUSPENSION DE LA GUERRE DE LA COALITION.

décidé, le 5, qu’un Comité composé de neuf membres serait chargé de veiller au salut public; que ce Comité fonctionnerait pendant un mois; que ses délibérations seraient secrètes; qu’il surveillerait et accélérerait l’action des ministres; qu’il pourrait suspendre leurs arrêtés, et que ses décisions auraient un effet immédiat. Les neuf membres furent nommés sur-le-champ ce furent Danton et ses deux amis, Lacroix et Guyton-Morveau, et six membres complaisants du centre, Barère, Cambon, Delmas, Bréard, Treilhard et Debry. Ce dernier n’ayant pas accepté, on nomma à sa place Robert Lindet, démocrate plus prononcé encore. Le parti parisien, alors occupé sur d’autres points, avait donc ici laissé le champ libre à Danton; mais, dans la soirée même du 5 avril, Danton lui donna un gage assuré de l’appui qu’il était disposé à lui prêter. Sur sa proposition, la Convention décida 1° qu’il serait formé une garde populaire, ou, comme s’exprima Lacroix, une armée de sans-culottes 2° que le prix du pain serait proportionné au prix de la journée de travail 3° que les frais occasionnés par les deux mesures précédentes seraient supportéspar les riches. Ces décrets, pas plus que celui dulSmars, ne pouvaient être mis immédiatement en vigueur; il fallait d’abord organiser la garde populaire, trouver le moyen de bien fixer le prix du pain, et déterminer le taux de Fimpôt à prélever sur les riches mais nul ne pouvait méconnaître quelle signification avait par elle-même la consécration de semblables principes. Une satisfaction encore plus grande fut donnée à Robespierre lorsque, le 6, on décréta l’arrestation de tous les Bourbons qui se trouvaient encore en France, c’est-à-dire de Philippe-Égalité, si souvent suspecté depuis le 10 mars. Marat, même en ce moment, n’abandonna qu’à regret son ancien ami et son bienfaiteur; mais il fut amplement dédommagé par la nomination du nouveau ministre de la guerre, le colonel Bouchotte, lequel fit aussitôt revivre dans son département les habitudes et les procédés de Pache, ses relations amicales avec l’Hôtel de Ville, la persécution des officiers, l’excitation des soldats à la révolte. Le 8, on décida que toutes les dépenses de l’administration de la guerre seraient à l’avenir soldées exclusivement’en assignats, afin d’épargner au trésor les frais de l’agio, frais qui, dans les derniers trimestres, ne s’étaient pas