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PUERRE ET DIPLOMATIE EN AYRH. ET EN MAL 283

blirait entre la Prusse et l’Autriche. Elle sut faire de part et d’autre les démarches les plus profitables à ses intérêts. S’il était naturel qu’elle se rangeât du côté de la Prusse tant que les affaires de Pologne n’étaient pas réglées, il fallait pourtant qu’elle conservât pour l’avenir une certaine liaison avec l’Autriche, et qu’elle n’enlevât pas absolument tout espoir à cette puissance. Elle déclara donc à l’ambassadeur autrichien que les choses étaient décidées et qu’on ne pouvait sans danger revenir sur cette décision, quoiqu’il fût certain que }a Prusse s’était agrandte outre mesure, Là-dessus, l’empereur François lui écrivit de sa propre main une lettre dans laquelle il faisait un appel pathétique (1) à la générosité de son mur, et il reçut en réponse une note un peu froide, mais qui n’impliquait pas un refus positif. Catherine le priait, au contraire, en considération des dangers qui menaçaient l’Europe, d’ajourner ses prétentions sur la Pologne jusqu’au rétablissement de la paix elle exprimait en même temps la ferme intention d’aider rAutriche à. obtenir des indemnités sur tout autre territoire. L’ambassadeur ~azumowëM même moption de la Bavière, donnant & entendre que la Russie ne s’opposerait pas à ce que l’Autriche en prît immédiatement possession (2). Cette insinuation, comme on le pense bien, ne fut pas perdue pour Thugut, et, par là, Catherine atteignit son but, qui était de s’effacer et de ne laisser paraître que la Prusse comme obstacle aux désirs de l’Autriche. Quant à la Prusse elle-même, les dernières complications l’enchaînaient complètement à la Russie. Ses acquisitions polonaises, également contestées par l’Autriche et par la Pologne, dépendqient entièrement dn bon vouloir de Catherine; maisBuchholz était rempli de confiance à cet égard, car Sievers continuait à se montrer la franchise et l’aménité en personne, et & s’exprimer sans le moindre détour sur les prétentions de l’Autriche, ce qui était alors le point le plus important pour la Prusse. « Si je ne craignais pas que le général Mœllendorf se moquât de mes prétentions militaires, dit-il un jour à Buchholz, je conseillerais, dans les circonstances actuelles, de prendre des précautions, de fortifier Czenstochowa, et d’en faire peu à peu une place forte (1) « Une lettre sentimentale», dit Buchhotz.

(2) sir Mortoti Eden à lord Grenville, 19 juin.