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2M SUSPENSION DE LA GUERRE DE LA COALITION.

propre à protéger les frontières cracoviennes Une heure après cet entretien, Buchholz apprenait que cette mesure de prévoyance était prescrite par le cabinet de Berlin, et il faisait joyeusement part au général de cette heureuse coïncidence. Enfin, la Prusse était pleine de confiance en Catherine, et se préparait, à tout événement, à résister à l’Autriche les armes à la main. Telle était, au mois de mai 1793, la situation des grandes puissances alliées pour la guerre de la Révolution. La Prusse se croyait obligée de couvrir ses nouvelles provinces de redoutes et de retranchements pour les protéger contre l’Autriche elle considérait tout accroissement de puissance de son adversaire comme un danger pour elle-même; elle devait donc désirer que les armes françaises occupassent encore longtemps au loin son avide voisine. Pour mettre le comble ses inquiétudes et à ses embarras, Thugut, non content de protester et de faire connaître ses exigences au sujet de la Pologne, poursuivait ses entreprises en Alsace, aussi bien que le projet d’échange de la Bavière contre la Belgique (1). Il semblait que l’Autriche convoitât tout à la fois Strasbourg et Munich, Lublin et Cracovie, en même temps qu’elle demandait l’amoindrissement des possessions prussiennes en Pologne; ce système aurait, en effet, annulé tous les traités, et aurait fait de l’Autriche sinon le plus dangereux, du moins le plus gênant et le plus voisin des adversaires de la Prusse.

Ce qu’il y avait de plus regrettable, c’est que Thugut se plaçait bénévolement et inutilement dans ce jour défavorable~ par une prudence diplomatique mal entendue. En réalité, il aurait été fort satisfait d’une seule acquisition, soit celle de la Bavière, soit celle du sud de la Pologne, et il répéta plusieurs fois à l’ambassadeur anglais qu’il était prêt à abandonner le projet d’échange, mais en insistant pour que nul Prussien n’eût connaissance de ce désistement. Pour ce qui concernait les conquêtes projetées en Flandre, le comte Mercy, comme nous le savons, avait Tordre de déclarer que l’empereur, selon les circonstances, les conserverait ou les ferait servir, à augmenter la valeur de ce qu’il donnerait en échange de la Ba(1) Corrcspomtcncc of lord AucMand, 111, 55.