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LES PARTIS EN FRANCE. 25

ministres qu’il fallait lui confier le commandement général de toutes les armées françaises, avec des pouvoirs illimités, si l’on voulait que les opérations militaires fussent dirigées avec l’unité et l’énergie qui seules pouvaient en assurer le succès; mais les ministr es, sans en excepter son ancien collègue Lebrun, hésitèrent devant une telle décision. Ils lui laissèrent d’aborddévelopper son plan de guerre, dont nous connaissons déjà les bases essentielles. Il s’agissait d’isoler l’Autriche en Europe, de conclure une paix séparée avec la Prusse, et de rendre l’Allemagne favorable à la France. En conséquence, Dumouriez proposait de~ se porter d’abord vers les Pays-Bas autrichiens, non pour les conquérir, mais pour les délivrer et pour s’assurer ainsi leur solide amitié; quant aux armées du Rhin et de la Moselle, elles ne devaient s’avancer que jusqu’à la ligne du Rhin, soit pour lui servir de réserve militaire, soit pour ne pas porter ombrage à la Prusse; de plus, Custine devait évacuer Francfort. Du moment qu’on avait rejeté le système de paix générale, c’était au moins une guerre basée sur des motifs politiques bien raisonnés, dirigée par des moyens diplomatiques vers un but bien déterminé, et à laquelle ne venaient pas se mêler les bouleversements et l’avidité sans bornes du système révolutionnaire.

Ce fut justement pour cela qu’il ne se trouva pas au ministère une seule voix qui soutînt Dumouriez. Celui-ci rencontra même, sur le terrain militaire, la contradiction décisive de Custine, alors très-iniluentettrès-préconisé. Custine se berçait toujours du chimérique espoir de renverser tout l’édifice du SaintEmpire Romain. Le roi de Prusse, pensait-il, ne soulèverait pas d’opposition si on lui donnait une bonne part du butin, et si on lui promettait de traiter convenablement Louis XVI. Selon lui, l’esprit de liberté se répandait chaque jour davantage en Allemagne il avait déjà assuré à Bœhmer et à Wedekind 500 livres par mois pour leurs services révolutionnaires (bientôt après Bœhmer reçut encore de Paris une somme de COOO livres) il était aussi nécessaire que facile de donner la liberté à ces belles contrées une somme de 1200 000 livres devait suffire pour gagner l’importante ville de Manheim, et s’il ne s’en était tie <îans sa correspondance (imprimée) avec Paclie, et complètement dans les dépêches secrètes du ministère de la guerre et les actes du conseil des ministres.