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GUERRE ET DIPLOMATIE EN AVRIL ET EN MAI. 289

BËSYBEL. H.–19

des détachements nécessaires pour défendre Trêves, Luxembourg et Namur, Cobourg avait trente mille hommes devant Condé, et Knobelsdorf huit mille Prussiens non loin de là, près de Tournay. Tous les autres, Hollandais et Anglais, Hanovriens et IIessois, n’étaient attendus que pour la fin d’avril ou le milieu de mai, et, avant leur arrivée, il eût été insensé de chercher à pénétrer plus avant, quelle que fût, d’ailleurs, la faiblesse de l’ennemi. Ici comme sur le Rhin, le Comité de Salut public avait donc le temps de réunir et de fortifier ses armées. Il venait précisément de rassembler dans divers départements vingt et un bataillons ` destinés à la Vendée; ces bataillons, vu l’imminence du danger, furent aussitôt dirigés à marches forcées vers la frontière du Nord, de sorte que Carnot, qui était alors commissaire de la Convention à Lille, put, dès le milieu d’avril, annoncer à Paris qu’il n’y avait plus lieu d’éprouver la moindre crainte sérieuse. Au commencement de mai, le général Dampierre prit même l’offensive; il tenta, le et le 8, de faire lever le blocus de Condé en attaquant vivement les corps qui protégeaient les assiégeants. Mais quelques bataillons de grenadiers du général impérial Wenkhein lui opposèrent une résistance vigoureuse, malgré l’infériorité de leurs forces, et Dampierre fut blessé mortellement en faisant une tentative dernière et désespérée. Malheureusement, les Autrichiens étaient hors d’état de poursuivre leur victoire. Nous verrons plus loin quels avantages se -seraient offerts en ce moment à un chef énergique et à une armée puissante mais Cobourg dut s’estimer très-heureux de conserver la position qu’il avait conquise devant la grande ligne des places fortes françaises. Le Comité de Salut public eut donc encore quelques semaines à consacrer aux armements et aux négociations diplomatiques voyons comment il les employa. Danton, soutenu par son ami Hérault de Séchelles et par l’utile et officieux Barère, s’était immédiatement emparé de la direction des affaires extérieures. Il trouva ce département, comme toutes les autres branches du service public, en pleine désorganisation. Depuis le procès du roi, le ministre Lebrun avait encore moins de pouvoir et d’autorité que ses collègues; il s’était élevé avec Dumouriez, et il éprouvait les funestes effets de la chute de ce dernier. Sans cesse attaqué par les Jacobins, il était épuisé et