Page:Sybel - Histoire de l’Europe pendant la Révolution française 2.djvu/298

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

39A SUSPENSION DE .LA GUERRE DE LA COALITION.

aonvil’Le avait contre-carré ,ses plans pour satisfaire une haine personnelle enfin, les désordres qui régnaient à Paris le remplissaient d’une patriotique colère. Il était dans cette disposition, lorsqu’il apprit la création du Comité de Salut public et la nomination à ce Comité de Guyton-Morveau, son ami intime aussitôt il conçut le dessein de s’emparer par cette voie de la direction des affaires, et de sauver la France, au dedans comme au dehors. Le 9 avril, il envoya à la Convention une adresse dans laquelle il comparait cette assemblée à un champ de bataille sur lequel les haines de partis, les fureurs insensées et l’égoïsme se livraient un combat acharné puis il proposait de décerner la dictature à un grand caractère et à une âme vertueuse, annonçait un grand projet destiné à sauver la France, et demandait un pouvoir illimité pour mettre ce projet à exécution, sinon, il offrait.sa démission. Personne, à la Convention, ne fit attention à cette lettre emphatique; mais les démocrates du ministère de la. guerre, trouvant que c’était exactement le langage de Lafayette et de Dumouriez, décidèrent en secret la chute du futur dictateur. Cependant Guyton-Morveau reçut le plan annoncé, et le trouva assez sérieux pour le soumettre M’examen du ministère de la guerre, ainsi qu’à celui du Comité de Salut public. Ce plan était remarquable, en effet, par l’étendue des vues qui y étaient manifestées, mais surtout en ce qu’il fut repris l’année suivante par Carnot, et que c’est réellement lui qui a conduit à toutes les victoires de la République. Custine voulait que l’on considérât tout le pays compris entre Strasbourg et Dunkerque comme un seul et unique théâtre de guerre, et que l’on y établît un lien étroit entre toutes les opérations. Faisant ressortir l’attitude offensive des Autrichiens sur l’Escaut, et le peu d’ardeur, au contraire, que les Prussiens montraient sur le Rhin, il proposait de dissoudre l’armée du Rhin, d’en consacrer dix mille hommes à garder les déniés des Vosges, de réunir le reste à l’armée de la Moselle, et de conduire ces deux armées ainsi réunies à l’année des Ardennes, qui, forte par là de soixante à soixante-dix mille hommes, descendrait la Sambre pour se jeter sur Namur, serrer les alliés entre des forces deux fois supérieures en nombre, et déraciner à jamais la domination autrichienne en Belgique. On/comprend facilement que ces mouvements eussent pu être