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S02 SUSPENSION DE LA GUERRE DE LA COALITION.

de brillants résultats (1), et c’est ce qui arrivera toujours, quelle que soit d’ailleurs la force de l’esprit national, lorsque le recrutement forcé sera substitué pour la première fois à un système d’enrôlements libres. Dans quelques endroits, les paysans résistèrent à main armée cependant cette résistance ne dégénéra en une révolte durable et sérieuse que dans les départements de la Vendée et des Deux-Sèvres. Nous avons examiné plus haut quelle était la situation particulière de la population rurale dans ces contrées nous avons dépeint les landes entremêlées de bois et de marais qui couvraient tout le Bas-Poitou nous avons dit quelle bonne intelligence y régnait entre les nobles et les paysans, qui se livraient en commun à l’élève des bestiaux, et quel attachement solide ces hommes simples éprouvaient pour la religion et l’Eglise de leurs pères. Lorsque la Révolution chassa les seigneurs et les nobles, les fermiers commencèrent à murmurer; mais lorsqu’elle porta la main sur l’Eglise, elle leur sembla une œuvre de Satan, néanmoins, dans leur simplicité, ils restèrent éloignés de la politique, et leur pays demeura tranquille, malgré le renversement du trône et le régicide, jusqu’au jour où le recrutement atteignit leurs chaumières. Alors, le signal de l’explosion se communiqua tout à coup de village en village. Puisqu’il fallait prendre les armes, disait-on, mieux valait que ce fût pour combattre cette Révolution maudite que pour la servir. En quelques semaines, des milliers d’hommes furent debout et tout le pays situé entre la Loire et La Rochelle eut. déclaré la guerre à la République. Ces troupes étaient tumultueuses, mal armées, mal disciplinées, et agissaient sans s’être concertées entr’elles; il fut heureux pour elles que la défection de Dumouriez forçat le gouvernement à envoyer promptement à la frontière du Nord les ° bataillons qui étaient prêts à marcher sur elles, ce qui leur donna le temps de se mieux équiper et de consolider leur position dans le pays.

Partout ailleurs, la population répondit à l’appel guerrier qui lui était fait, ici avec un zèle tout patriotique, là avec une répu(1) Cambon (Rapport du Comité de Salut public du 12 juillet) Il Sans l’intervention des commissaires de h Convention, on n’aurait pas rassemblé vingt mille hommes. » Déjà, le 10;avrit, on avait dit à la Convention que, dans un grand nombre de villages, toute la population s’était réfugiée dans les villes, afin d’y écbappMplus facilement au recrutement.