Page:Sybel - Histoire de l’Europe pendant la Révolution française 2.djvu/308

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

30<t SUSPENSION DE LA GUERRE DE LA COALITION.

comité central investi de pouvoirs illimités, et, dans les corn*munes isolées, des comités révolutionnaires tout-puissants, chargés de la police. Une hiérarchie despotique et toute nouvelle remplaça ainsi les autorités choisies par le peuple en 179. Les clubs, dont les ouvriers et les manœuvres servaient à former ce nouveau personnel, devinrent partie intégrante du gouvernement, et la classe pauvre fut solennellement proclamée par les commissaires le seul espoir du pays et la seule classe privilégiée de la Révolution. Les paroles mêmes des commissaires nous prouvent avec quelle brutalité étaient professées ces doctrines hostiles à la masse de la nation et aux droits privés des individus. A Versailles, Chales dit aux sans-culottes qu’ils pouvaient puiser dans les poches des riches pour subvenir à leurs besoins; à Chartres, Guffroi déclara dans une assemblée du peuple qu’on était en pleine Révolution, ce qui voulait dire que la bourse des riches était ouverte aux pauvres (1). cil est temps, s’écria Simon au club d’Annecy, de commencer la guerre des pauvres contre les riches, les usuriers et les égoïstes; il est temps que le peuple prenne part à la Révolution j) (2) « Les aristocrates sont enchaînés, écrivait Gonène du Tarn et de l’Aveyron, et les sansculottes sont prêts a se soulever )) (3). Ce mot d’ordre était répété partout; partout le peuple était provoqué à s’insurger contre l’ordre de choses établi. Sur la grande place de Toulouse, Chabot prêchait le sermon suivant <: Femmes, croissez et multipliez vous n’avez besoin pour cela ni de prêtres ni de curés, le citoyen Christ était lui-même le premier des sans-culottes )) (~). A Sedan, le commissaire déclara que les sans-culottes seuls étaient citoyens, que les riches avaient été de tout temps les ennemis du peuple et qu’il n’y avait plus de lois pour eux, puisque la constitution avait été renversée du même coup que la monarchie (5). Réfléchissons maintenant que partout se trouvaient des prolétaires affamés et fanatiques, que le signal du soulèvement leur était donné au nom du pouvoir le plus élevé, que toute autorité récalcitrante, tout obstacle légal était mis de côté, et nous aurons (1) Buchez, 25, 156. Gorsas, CoM~ 15 mai,

(2) Gorsas, 5 mai.

(3) Discussions des Jacobins. 21 avril.

(/t) CoiiY. Nat., 12 Juillet. Grands cris de joie de la Montagne et des tribunes. (5) Gorsas, 30 mai.