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LES PARTIS EN FRANCE. 2?

traiter les Belges comme des amis, la Convention rédigea même une proclamation dans laquelle elle leur offrait amitié et fraternité mais ni la Convention ni les ministres n’étaient disposés à lui laisser exercer la moindre influence politique sur la future République. Au contraire, aussitôt après son départ, le ministère décida qu’à l’avenir aucun général ne correspondrait directement avec la Convention, ne nommerait lui-même ses officiers, à des grades plus élevés, et ne négocierait avec l’ennemi, quelles que fussent les circonstances. Toutes ces mesures bien qu’indispensables à une administration bien organisée, étaient alors pour Dumouriez autant de preuves d’hostilité et de méfiance.

Cependant, en dépit de tous ces désaccords, lesforces militaires de la République étaient de nouveau mises en mouvement et l’impulsion leur était donnée vers un avenir sans limite. Ce développement de la dévolution a l’extérieur influa aussitôt à l’intérieur sur la plus brûlante de toutes les questions, sur la destinée du roi captif.

Jusqu’ici le gouvernement n’avait pas eu d’opinion bien arrêtée sur la conduite à tenir à l’égard de Louis XVI. Aucun de ses membres ne désirait la mort du roi, laquelle, non moins que sa vie, leur présageait embarras et dangers. Quant aux. Jacobins, depuis plusieurs semaines déjà ils demandaient incessamment son sang. Pour eux, la plus horrible cruauté s’alliait ici à l’intérêt politique le plus puissant. Où auraient-ils pu trouver, en effet, un. thème mieux fait pour exciter toutes les passions, pour rappeler constamment aux habitants des faubourgs toutes les phases de la Révolution et pour raviver le fanatisme des jours les plus terribles ? Épargner la: vie de Louis XVI semblait être la plus criante des monstruosités à un club qui appelait les massacres de septembre sa profession de foi. Ses chefs savaient fort bien que la majorité du peuple leur préférait le roi, et ils n’en étaient que plus pressés d’étouffer la réaction dans le sang du monarque. Cependant, réduits à leur propre force, ils n’auraient pas eu le pouvoir de décider la Convention à aborder ce sujet. Dés qu’ils parlaient d’anéantir le tyran, on leur répondait par des reproches sur la tyrannie qu’eux-mêmes avaient exercée en septembre; il fallait donc que d’autres motifs surgissent pour ébranler la majorité.