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’~10 0 SUSPENSION DE LA GUERRE DE LA COALITION.

pense par un emprunt forcé de 12 millions imposé aux riches de la capitale. Le choix de ces troupes devait être laissé aux comités révolutionnaires, ce qui garantissait à la Commune que ce choix ne porterait que sur les adversaires les plus actifs de sa politique. Par là, on éloignait à jamais de la capitale les dernières forces que l’opposition bourgeoise eût encore à son service. Il fallait donc, tout à la fois, imposer aux paysans un prix légal pour leurs grains, aux villes un emprunt forcé, à tous les partis ennemis Un exil militaire. Afin de paralyser d’avance toute tentative d’opposition de la part de la Convention, on ralluma le feu à peine éteint dans l’ancien foyer de la Révolution, dans le faubourg Saint-Antoine. Plus de huit mille pétitionnaires de ce faubourg parurent le 1" mai à la barre de l’Assemblée « Imitez le peuple, dit leur orateur, faites des sacrifices que la majorité oublie qu’elle appartient à la classe des propriétaires fixez le prix des grains, et déchirez les injustes contrats de fermage; que tous ceux qui possèdent plus de 2000 livres de rente donnent la moitié de l’excédant pour subvenir aux frais de la guerré et soulager les pauvres. Si vous nous refusez ces lois nécessaires, Souvenez-vous que le peuple est en insurrection ’) » Cette dernière phrase souleva une violente tempête au côté droit et produisit un si affreux tumulte au dedans et au dehors de la salle, que les patriotes essayèrent de la désavouer ou de l’excuser. Néanmoins, la démonstration porta ses fruits; le 2 mai, la Convention fixa le maximum du prix des grains et posa plusieurs entraves au commerce des céréales. Le pas décisif était fait; l’Assemblée avait consacré l’autorité toute-puissante de l’État sur le commerce et sur la propriété.

Ceci ne concernait que l’agriculture le lendemain ce fut le tour de la bourgeoisie parisienne, lorsque la Municipalité fit connaître ses intentions au sujet de l’emprunt forcé. Tout revenu de plus de 1500 livres devait être imposé à un taux proportionnel; 1000 livres devaient en payer 30, 3000 devaient en payer 100, etc. Tout ce qui dépassait 30 000 livres appartenait de droit à la Commune; le premier tiers devait en être payé dans les quarantehuit heures, le second quinze jours plus tard, le troisième à la fin du mois, sous peine de confiscation; les comités révolutionnaires étaient chargés de veiller à l’exécution de ces mesures. Auâs~tôt~