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CHUTE DE LA GIRONDE. Sii

FHÔtel de Ville envoya à toutes les sections des messages et des instructions; les comités révolutionnaires s’assemblèrent, ici pour inscrire leurs voisins comme recrues, là pour leur demander quelques centaines ou quelques milliers de francs comme premier impôt. La joie causée par cette moisson dorée, conquise à si peu de frais, était sans bornes.

Cependant l’Hôtel de Ville devait bientôt apprendre que la véritable lutte lui restait encore à soutenir. Dès le 1" tnai, quelques jeunes gens, garçons de café, clercs, commis pour la plupart, qui se trouvaient atteints par le recrutement, tentèrent d’opposer quelque résistance; mais ce fut surtout au sujet du payement de l’impôt forcé que se produisit le mouvement sur lequel la Gironde fondait ses espérances. La masse des citoyens, qui depuis deux ans était restée étrangère à la politique afin de ne pas compromettre satranquiiïité, reconnut tout u coup où l’avait conduite cette circonspection mal entendue, lorsqu’elle vit surgir, du milieu de ces luttes de partis auxquelles elle était restée indifférente, une attaque longuement préparée contre ses biens et contre les individus. Elle vit le danger, entendit le bruit des sections, et aussitôt tous se levèrent pour défendre leur fortune et leur existence. Immédiatement, l’aspect des assemblées changea, à la grande surprime des Jacobins. Les citoyens modérés demandèrent à quel titre les comités prenaient l’or de leurs voisins, dont les droits étaient égaux aux leurs d’après quelles règles ils choisissaient leurs recrues pourquoi de paisibles négociants devaient se mettre en cam" pagne, tandis que trois mille hommes de troupes de ligne et de fédérés étaient oisifs et turbulents sur le pavé do Paris? Dtl sein de la bourgeoisie, des centaines de voix leur répondirent que ces négociants n’étaient éloignés que pour laisser le champ libre aux pillards et aux gueux~ et, de toutes parts; on déclara violemment que nul homme ne payerait ou ne marcherait d’après de tels ordres ou de tels motifs (1).

Les démocrates, surpris et exaspérés, s’agitaient dans tous les sens pour reconquérir la majorité dans les sections. Municipalité, Jacobins, Cordeliers, tenaient d’incessantes délibérations; Chau(1) Voy. les rapports de la police secrète sur ce mouvement dans Schtnidt, ya~eaM..E ~e Révolution franfaise, I, 167.