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FIN DU POUVOIR DE DANTON. 33l

un mouvement des sections de Paris, mais encore un accord entre ce mouvement et celui des provinces, et d’être écrasés par ces deux forces réunies. Ils résolurent donc d’être prudents, et de concentrer, jusqu’à des jours meilleurs, leur haine} leur colère, leur avidité et leurs projets destructeurs.

Le plus important pour eux en ce moment était de s’assurëf par un grand programme libéral la masse des irrésolus et d<J~ timides, et de se mettre pour tout le temps de la crise à l’abri du reproche d’ambition et de cupidité. Rien ne pouvait mieux les aider à atteindre ce double but que ce qui était la tâche proprement dite de la Convention, la rédaction de la hou< velle constittition. Tant que la Gironde avait été influente, les Jacobins s’étaient violemment apposés à ce qu’on s’en occupât.; 3 mais maintenant, en se mettant promptement à l’oeuvre, ils allaient pouvoir rejeter toutes les lenteurs passées sur le compte du parti vaincu. Herault-SéchelIes, l’ami de Danton; fut charge de rédiger un projet; il le présenta le 10 juin, et la discussion, poussée avec une incroyable ardeur, se termina le 2A. Il ne s’agissait pas ici de formuler des lois réellement exécutables) mais seulement d’éblouir l’opinion aussi ce projet était-il aussi peu pratique (1) et, en même temps, aussi peu conforme aux idées des Jacobins que possible c’était une parodie des prin~ cipes de 1789, qui admettait tous les Français à l’exercice da tous les droits, et qui, par conséquent, semblait ne pas vouloir souffrir l’ombre d’une domination arbitraire. Dans la Déclaration des Droits de l’homme, on avait sagement conservé l’article do Condorcet sur la propriété, en y ajoutant seulement que la société devait pourvoir à la subsistance des malheureux en leur procu~ rant du travail ou en leur assurant de suffisantes aumônes. Pour la politique extérieure, on ajouta à un article de Danton; qui déclarait que la France adoptait le principe de la non-intervention, un autre article, proposé par Marat, par lequel elle se reconnaissait l’alliée et l’amie de tous les peuples libres. Mais avant que ce manifeste pût produire sur le peuple fran(1) Herautt-SecheUes écrivait le 7 à son ami Desautnays «Charge, avec quatre de nies coUegues, de préparer pour lundi un plan de constitution, je vous prie de nous procurer sur-le-champ les lois de Minos, qui doivent se trouver dans un recueil de lois grecques~ nous en avons un besoin urgent, » (D’après le fac-simile, dans r/!oy)’a~)A:e<~M /tuMMMc<~e&r< publiée par le ~Marter~ &’M’e:o, 93, 316.)