Page:Sybel - Histoire de l’Europe pendant la Révolution française 2.djvu/341

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

FIN nu POUVOIR DE DANTON. 337

diplomatiques qui partageaient les vues de l’ex-ministre, et pour accréditer de nouveau Desportes a Stuttgart. A la question posée le 6 avril par Lebrun, le cabinet de Londres avait répondu que l’Angleterre ne pouvait recevoir d’envoyé de la France, et que toutes les ouvertures devaient être adressées au quartier général du duc d’York. Le Comité ordonna donc au ministre de rédiger les instructions nécessaires pour une négociation, soit qu’il s’agît d’un traité particulier avec l’Angleterre ou d’un congres de toutes les puissancesbelligérantes. Les membres du Co~ mite auraient traite avec joie pour peu queles çonditions eussent été acceptables, et en supposant toujours que, pour les en punir, les démocrates parisiens ne les eussent pas envoyés à l’échafaud. C’est dans le même esprit qu’après avoir confié au général Custine le commandement de la plus importante de ses armées, le Comité nomma bientôt après un ami de ce dernier, le général Beauharnai?, chef de l’armée du Rhin, et envoyadans la Vendée, qui formait alors un troisième théâtre de guerre, le modèle des gentilshommes libéraux, le général Biron. Aucun de ces officiers ne possédait de grands talents militaires; mais tous trois avaient le goût des aventures et des entreprises hasardées, ce qui les rendait des instruments très-commodes pour la diplomatie inconsidérée des chefs du Comité. Custine n’avaitpas plus de convictions politiques que Biron ou Beauharnais; cependant à côté de leur enthousiasme pourlalibertc républicaine, tous trois étaient de rigides gentilshommes et d’ardents soldats, tous trois savaient maintenir la discipline et inspirer aux troupes des sentiments d’honneur et de dignité militaire. Cela seul suffit pour établir une scission profonde entre eux et les démocrates de la capitale. Robespierre aux Jacobins et Hébert dans son journal formulaient sans cesse de nouvelles accusations contre les généraux aristocrates, et bientôt l’expulsion des armées de tous les anciens nobles devint comme le mot d’ordre du parti. Le ministre de la guerre Bouchotte, soumis aux moindres signes de l’Hôtel de Ville, et conduit entièrement par Vincent, son premier secrétaire et l’ami dévoué d’Hébert, faisait répandre lui-même dans les camps, à des milliers d’exemplaires (I), les écrits diffamatoires de ce dernier, et (1) Bouchntte rapporte tui-m~mequ’aprestcmoisd’avt-it 1793, 1200000 livres furent dépensées ainsi en moins d’une année, que, fur cette somme, 1118800 titres DE SYBEL. – 22