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848 SUSPENSION DE LA G.UERRE DE LA COALITION.

A Paris même, le signal de l’effusion du sang était en ce moment donné de tous côtes. Le 13 juillet, une jeune fille de Caen, dont l’imagination exaltée rêvait une république idéale et que le sort des Girondins avait exaspérée contre les démagogues, seprésenta chez le favori de ]apopu)accparisienne,cbczMarat,l’ami du peuple. Cette jeune fille se nommait Charlotte Corday. Elle. pénétra jusqu’à Marat, sous le prétexte de lui rendre compte de ce qui se passait en Bretagne, et, d’une main sûre, lui porta un coup de couteau: Nous avons déjà vu que Marat n’avait jamais ( exercé une influence décisive sur les événements de [la Révolution s’il s’était élevé par le peuple, c’est que, dans son immense présomption, il possédait la faculté de présenter comme des droits populaires, avec toutes les apparences de la simplicité et de l’honnêteté, ce qui jusque-là avait été réputé criminel et impie,.le meurtre des adversaires politiques, le vol des propriétés, la révolte des soldats contre leurs ofnciers. Lui-même se déclarait le seul dictateur possible qui fût en France, recevait de l’argent du duc d’Orléans (que ne pouvait se permettre le vertueux ami du peuple ?), garnissait sa chambre sale et en désordre de riches meubler de satin, passait sa vie dans de basses intrigues d’amour, et demandait toujours plus instamment les têtes des corrupteurs du peuple. Un tel homme ne pouvait jamais être qu’un instrument dans la main de chefs plus calmes et plus habiles; alors, au mois de juillet, atteint d’une maladie repoussante, il était suspect aux Jacobins à cause de ses désirs de dictature et gênant pour ses amis de la Convention eux-mêmes. La seule conséquence qu’eut sa mort pour l’avenir de la Révolution fut de servir de prétexte aux démocrates parisiens pour donner à leur soif de carnage les apparences d’une juste vengeance. Le lendemain de cet assassinat, Billaud demanda la mort de trente-deux Girondins, et deux députés furent arrêtés comme complices de Charlotte Corday; une protestation contre le 2 juin, signée par soixante-treize de leurs collègues, que l’on trouva chez l’un d’eux, servit de titre d’accusation pour menacer leurs têtes. Le moment était enfin favorable pour prendre, sur le rapport présenté le 8 par Saint-Just, des conclusions telles que les désirait le nouveau pouvoir le 28 juillet, lit Convention décréta la mise hor$ la loi de vingt députes giron~