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ANÉANTISSEMENT DU POUVOIR DE DANTON. 353

MMBEL.

Après cette nuit d’horreur, rien ne pouvait plus atteindre la reine. Au milieu de toutes les tortures’ qui lui étaient encore réservées, elle ne montra plus qu’une calme résignation et l’espoir d’une mort prochaine. Ses persécuteurs ne la lui firent pas longtemps attendre. Vers la fin de juillet, le Comité apprit que Sémonville et Maret, dont les puissances redoutaient les menées révolutionnaires en Italie autant qu’elles s’effrayaient des conséquences de leur mission a Constantinople, avaient été arrêtés par un commandant autrichien à leur passage dans les Grisons et envoyés prisonniers à Milan. Du moment que ses instructions étaient tombées de la sorte entre les mains de l’Autriche, le Comité devait en craindre la publication intempestive il résolut donc de s’affranchir, par une mesure radicale, de tout soupçon d’humanité ou d’amour de la paix. Il fit décréter par la Convention, le 1"r août, la translation de la reine à la Conciergerie et sa comparution devant le tribunal révolutionnaire. En assimilant ainsi la fille de Marie-Thérèse aux criminels ordinaires, il interdisait pour longtemps à la République toute possibilité de négocier avec l’Autriche.

Guerre donc, guerre incessante, guerre irréconciliable, guerre générale, tel fut le mot d’ordre que la souveraineté de Robespierre répandit dans la France entière, et cela dans un moment où la ruine systématique des armées enlevait tout moyen de résister à la moindre attaque sérieuse. L’armée des Alpes, dans son état de faiblesse, n’aurait pu empêcher les forces austro-sardes, qui lui étaient deux fois supérieures, de délivrer Lyon. La République était hors d’état de protéger les côtes de la Vendée contre un débarquement des Anglais. Après avoir été longtemps sans trouver un chef pour l’armée du Rhin, on avait fini par nommer à ce poste un capitaine de dragons, nommé Carlin, qui s’amusa à ranger ses régiments le long de la frontière selon l’ordre de leurs numéros. Sur la frontière de Flandre enfin, une attaque vigoureuse des Autrichiens aurait suffi pour disperser le Camp de César, déjà démoralisé, et pour ouvrir aux troupes enleurs fonctions. » Louis Blanc (IX, 379) trouve la séparation bien motiva par cette circonstance quc, depuis la mort de Louis XVI, la rch.e traitait son fils en roi, c’est-à-dire donnait pour les repas, huit ans, un siége plus élevé que celui qu’elle occupait elle-même.