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COMPLICATION DH’LOMADQUËS AU SUJET tjE LA POLOGNE. 365

refroidissement sensible dans le zèle de l’envoyé russe. H nesutd’abord s’il devait attribuer cette indifférence à l’âge avancé de Sievers, àson faible pour les Polonais, ou à la petite ambition de ne pas vouloir que le traité prussien fùt conclu plus vite que ne l’avait été le traité russe. Mais peu à peu cette froideur se manifesta à l’égard de la Prusse en général, et les Polonais en tirèrent avantage pour manifester leur haine sans aucun détour; ils allèrent même, le 19, jusqu’à menacer de la peine due aux coupables de haute trahison tout député qui parlerait encore de la cession. En même temps, ils envoyèrent à Saint-Pétersbqurg la proposition officieUe d’un traité d’alliance qui, par la force même des choses, ne pouvait que consacrer la soumission de la Pologne & la Russie. Néanmoins Buchholz conjura le général Mœllendorf de ne pas franchir le cordon, de crainte, dit il, que la Lithuanie n’agît exclusivement d’après les ordres de la Russie, sans s’inquiéter en rien du sort de Cracovie ou de la grande Pologne. H pensait qu’au lieu de recourir aux armes, il fallait attendre le résultat de ses instances auprès de Sievers.

Mais Sievers et sa souveraine avaient alors de bien autres pro" jets. Thugut, dans ses rapports avec Rasumowski, avait encore une fois fait allusion au partage complet de la Pologne, et Sievers pensait qu’en présence d’une semblable tendance, la Russie, au lien de diviser cet État, devait, au contraire, songer à le réunir de nouveau, mais sous sa suzeraineté bien entendu. Dès lors, il se demanda s’il ne convenait pas de chercher des prétextes plausibles pour retarder la signature du traité prussien. Il fallait qu’il sût auparavant si l’impératrice avait sur la Pologne des vues plus vastes, ce qui lui semblait fort probable dans l’intérêt de la Russie. Il en réitéra la demande le 19, disant qu’il attendait les ordres de Catherine pour hâter ou retarder la conclusion du traité. Le 25 août cependant, il fit un pas en avant et présenta un projet de traité à l’envoyé prussien, en déclarant que tout ce qu’il pouvait faire désormais était de forcer la diète à l’accepter. Ce projet faisait mention de la cession en général; mais, dans la question si longtemps discutée de la régularisation des frontières, iln’était fait droit qu’à moitièauxdemandesdelaPrusse, c’est-à-dire pour ce qui regardait la contrée de Czenstochowa seulement, et non pour le pays de Zakroczyn. Quoique cet acte fût en