Page:Sybel - Histoire de l’Europe pendant la Révolution française 2.djvu/37

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

M~R!,mR. – FRANCFORT. –LONDRES. ~3

DE SYBEL. "<–" 3

Je Paûhe le fut pour l’armée. Tant qu’avaient duré les dangers suscités par l’attaque des Prussiens, la démocratie du 10 août n’avait osé toucher aux régiments que très-superficiellement. Il lui suffisait que les troupes la reconnussent, la défendissent, et acceptassent les renforts fournis par les volontaires patriotes. C’était donc encore, à l’exception de quelques officiers qui avaient émigré, l’ancienne armée royale qui reprenait, par suite de la guerre, les habitudes de discipline dont elle s’était relâchée jusque-la. Les troupes de ligne se distinguaient complétement des gardes nationaux et des volontaires, qu’elles regardaient avec un dédain non dissimulé tous les officiers supérieurs, les généraux et l’état-major appartenaient presque sans exception aux fractions libérales de l’ancienne noblesse, et, quoiqu’ils fussent prêts à défendre le pays contre les émigrés, ils détestaient et méprisaient le Conseil de la Ville. Or, c’était précisément a ce Conseil que l’armée allait être assujettie par le ministère de Pache! Celui-ci se rendait très-bien compte de cette situation il résolut donc de soustraire le soldat à la tyrannie de l’état-major, comme le citoyen à l’oppression des riches. Les démagogues expérimentés comprenaient que ce n’éLait que par ce moyen, en proclamant hautement l’indiscipline, qu’ils parviendraient à détruire l’esprit militaire qui faisait de ces masses de paysans enrôlés des corps d’armées solides et forts, et qui établissait, par le contraste des mœurs et grâce aux lois de l’honneur, une différence tranchée entre eux et le peuple armé de la capitale. L’intérêt de parti l’emporta ici sur l’amour de la patrie, sur le désir même de vaincre l’ennemi. Les Autrichiens n’étaient-ils pas battus et repoussés au loin? L’esprit réactionnaire des officiers semblait offrir, pour le moment, le danger le plus pressant, et l’on espérait, en mettant même les choses au pis, triompher, à l’aide d’un nouveau corps d’officiers tout dévoué, des difficultés imprévues qui pourraient surgir.

De tous les généraux, aucun ne devait ressentir le changement qui se produisait plus promptement et plus profondément que le dans le cours des événements, car, vu l’imorptance de la situation, situation qui n’est pas suffisamment éclairée dans les relations imprimées jusqu’ici, de nombreux détails n’ont pu être évites.

t~ – a