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â?0 SUSPENSION DE LA GUERRE DE LA COALITION.

peut préparer la ruine du pays ennemi. Le prince de Cobourg n’était donc mû qu’en partie par des considérations militaires; ce qui influait surtout sur sa conduite était la situation politique de l’intérieur de la France. Au mois de septembre précédent, l’armée du duc de Brunswick était à peu près aussi forte que pouvait l’être actuellement celle des alliés en Flandre, et cependant elle n’avait pu tenir que quelques semaines contre tous les partis soulevés en masse et réunis pour résister à l’invasion étrangère. Cobourg ne voulait pas renouveler la faute qui avait été commise alors. Il espérait que, si la guerre ne touchait pas directement la masse du peuple français, la fermentation révolutionnaire, en produisant toujours de nouveaux partis et de nouvelles luttes intestines, réduirait bientôt le pays à un état de faiblesse complet, et permettrait, au printemps de 179~, de tenter une invasion avec la certitude du succès (1). Il avait donc, dès le mois d’avril, approuvé un plan présenté parle colonel Mack, lequel conseillait, même si l’on prenait Valenciennes, de se borner pendant tout l’été à bloquer les places fortes de la frontière (2).

On ne saurait nier que ces considérations ne fussent fondées surquelques points et qu’elles n’eussent été justifiées, jusqu’au mois d’août 1793, par les excès des Jacobins, la désorganisation des armées françaises et le mécontentement toujours croissant. des provinces frontières. Mais il faut ajouter que ce système ne mettait pas les moyens d’exécution en rapport avec le plan général, qu’il était loin de prévoir toutes les éventualités, et qu’il négligeait complètement un point essentiel. Même en se bornant au siége des places, il eût été important, indispensable, de ne pas laisser à l’armée française le temps de se réorganiser, et de ne pas ouvrir une tranchée avant d’avoir dispersé tous les camps ennemis du voisinage. Il fallait surtout, puisque l’on voulait profiter des querelles intestines qui divisaient la France,donner à ces querelles un aliment toujours nouveau, soutenir les adversaires de la Convention, ne pas laisser Lyon et la Vendée verser leur sang et succomber sans tenter de leur venir en (1) Mémoire de MnUet du Pan pour tord Etgiu et le comte Mcrcy (~<Mo;~ I, 407).

(2) Joulirial tHi~fM’e aM~’fc/tM~, 1813, vol. I.