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RUPTURE DE LA COALITION. 371

aide. Il était évident d’ailleurs, pour tous les hommes sages et clairvoyants, que l’anarchie ne pouvait se prolonger indéfiniment et que ses excès mêmes donneraient naissance à un despotisme militaire. Nous avons déjà vu, lors de la chute de Dumouriez, que Cobourg pressentait cette vérité, et que, pendant quelque temps, la Prusse conseilla un débarquement en Vendée. Mais les cours de Vienne et de Londres, peu disposées à s’unir à un parti français quel qu’il fût, rejetèrent toute idée de ce genre; ne comprenant pas qu’une invasion aussi prompte que possible contre Paris et la Convention pouvait seule leur assurer la victoire, elles donnèrent à leurs adversaires le temps et la possibilité de préparer un développement de forces redoutables, malgré les dangers qui les entouraient de toutes parts.

Vers le milieu de juillet cependant, le prince de Cobourg présenta au roi de Prusse un plan de guerre générale, tendant à terminer la campagne de cette année de la manière la plus avantageuse, après la prise des deux places fortes. D’après ce plan, le roi devait, de Mayence, se tourner vers l’Ouest, prendre Sarrelouis etchercherà occuperla Lorraine; pendantce temps, Cobourg lui-même se serait dirigé de Valenciennes vers le Sud-Est, et aurait cerné Maubeuge, Givet et Pbilippeville. Par là, les deux armées se seraient rapprochées l’une de l’autre, tout en se renforçant des corps qui occupaient Namur, Luxembourg et Trêves; il eût été facile alors de couvrir la Flandre à l’Ouest, tandis qu’à l’Est, en pénétrant par la Lorraine, on aurait pris à dos l’Alsace et l’armée du Rhin. Dans tous les cas, on aurait, à la fin de la campagne, posé des bases excellentes pour attaquer l’intérieur de la France l’année suivante.

Du moment que l’idée d’une invasion soudaine contre Paris était abandonnée, rien ne pouvait être mieux combiné que ce plan. En s’y conformant, la Prusse concentrait ses forces et devenait de tous côtés plus redoutable à l’ennemi. Le roi avait, en outre, des motifs politiques pour l’accueillir favorablement, caril fendait impossible l’attaque de Wurmser contre l’Alsace, attaque que les Prussiens ne voulaient permettre à aucun prix tant que la question de l’échange de la Bavière ne serait pas complètement vidée. Frédéric-Guillaume répondit donc à Cobourg par la plus complète approbation, et aussitôt après la reddition de