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GOUVERNEMENT PROVISOIRE. 889

plaçe à une assemblée nouvelle, et le Comité de balut public se serait trouvé dissous tout naturellement. Ce Comité, du reste, n’avait pas encore d’existence bien assurée quand même la dissolution de la Convention aurait été retardée, il pouvait, d’après la loi, être renouvelé ou complètement supprimé par cette assemblée le 10 de chaque mois. Mais, ni la Convention ni le Comité n’ignoraient ce qu’ils devaient attendre de la France et de l’avenir s’ils abandonnaient un seul instant les rênes du pouvoir; ils étaient donc résolus, la Convention à ne pas permettre d’élections nouvelles, et le Comité à s’ériger en gouvernement légal. Comme nous l’avons dit, ils n’avaient plus à redouter l’opposition du peuple français, mais bien celle des autres Jacobins, auxquels cet accroissement de puissance ne devait procurer aucun profit. La Convention était certaine d’avoir contre elle tous ceux qui n’étaient pas députés, c’est-à-dire le club et la Commune de Paris quant au Comité, il devait se préparer à lutter contre la résistance du ministère, c’est-à-dire de Bouchotte et de ses amis, et surtout contre la jalousie des autres membres de la Convention. H en fit l’épreuve dès la première démarche qu’il tenta, le 1" août, pour consolider son pouvoir.

Danton, qui avait cédé trois semaines auparavant à la force des circonstances, ne devait pas plus que Robespierre espérer que de nouvelles élections lui seraient favorables; comprenant d’ailleurs que la France avait avant tout besoin d’un gouvernement fort, il sut prendre assez sur lui pour aller audevant des nouveaux gouvernants et pour relever sa propre situation en leur offrant son appui. Il était encore assez influent et assez redouté pour que cette offre fût acceptée avec empressement ce fut donc lui qui, le 4" août, proposa inopinément à la Convention de transformer le Comité de Salut public en gouvernement provisoire, et, à ce titre, de le doter immédiatement de 50 millions. Son discours, ardent et fougueux comme d’habitude, fut applaudi avec enthousiasme; mais sa proposition en elle-même excita un si vif mécontentement dans l’Assemblée que les membres du Comité s’empressèrent de la désavouer, ce qui ne les empêcha pas d’accepter la dotation le lendemain. Danton se plaignit amèrement de ce que, malgré leurs conventions, ils lui avaient laissé toute la responsabilité d’une motion désa-.