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GOUVERNEMENT PKUV!SOIKE. 399

soit parce que le soin d’y pourvoir était toujours confié aux mains les plus impures. Nous avons vu que le refus fait par Cambon de jeter de nouveaux subsides dans ce gouffre sans fond avait été le signal du coup d’État qui renversales Girondins, et que, pltis tard, la Commune avait exigé la loi sur le maximum pour arracher aux paysans du blé à bas prix. Mais ces moyens étaient loin d’être sufH-’ sants. D’un côté, les paysans cachaient entièrement leurs denrées ou s’empressaient de les vendre à d’autres acheteurs; d’un autre côté, les fmanccs~de la ville étaient si ruinées qu’elles ne permettaient plus de payer le blé, même au prix du maximum. Il fallut donc que le gouvernement intervint de nouveau. Pour ce qui regardait les paysans, il donna le 15 août aux agents parisiens le droit de faire des réquisitions militaires, puis, le 2/), il envoya des troupes pour les soutenir dans plusieurs départements. Quant à la détresse pécuniaire de Paris, il y remédia en accordant 2 millions à la ville le 6 août, et 3 autres huit jours plus tard, ce qui permit de s’approvisionner de blé pour plus de deux moi&(!). Les besoins immédiats étaient donc satisfaits, mais les inquiétudes de l’Hôtel de Ville n’étaient nullement calmées. La misère, sans doute, n’était plus a craindre à Paris pour la classe laborieuse; la nouvelle levée d’hommes avait eu pour résultat d’augmenter encore une fois les salaires dans une proportion considérable, et la journée de travail ordinaire avait atteint le chiffre exorbitant de 5 livres; quiconque voulait travailler était donc assuré de ne pas mourir de faim. Mais toutes ces mesures du gouvernement avaient Un vice essentiel bienfaisantes pour la cause publique, elles n’offraient pas de profit personnel aux démagogues de l’Hôtel de Ville, dont les exigences étaient plus fortes que jamais. Ceux-ci auraient voulu que l’État leur accordât toutes les sommes nécessaires aux achats, non plus à titre d’avances mais comme un don définitif; ils auraient voulu être libres de prendre le blé des paysans sans rémunération, et de le revendre ensuite aux boulangers parisiens au prix en vigueur. Cette double exaction aurait rapporté au moins sept millions par mois aux. employés municipaux, et quoique cette somme eût dû être partagée entre un grand nombre d’agents démocratiques, elle ( t) Ceci et tout ce qui suit est tiré des procès-verbaux du Comité de Salut nubUc aux firehiveaimpct’iates de France.