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400 RÈGNE DE L\ TERREUR EN FRANCE.

aurait été encore assez forte pour donner de l’impulsion à un parti.

Nous retrouvons ici les orateurs de sections Roux et Leclerc, que nous avons déjà vus se poser au mois de juin comme antagonistes de l’Hôtel de Ville au sujet de la constitution. Ainsi qu’ils l’avaient fait à cette époque, ils se servirent encore de la question des subsistances pour soulever le peuple contre ceux dont ils convoitaient les places lucratives. Ils déclarèrent que Pache accaparait des grains, que Chaumette et Hébert vendaient le pain des pauvres à leur profit, et demandèrent que le peuple châtiât sévèrement ces vampires. Pendant quelque temps, ces clameurs ne semblèrent produire aucun effet cependant la Municipalité et les Jacobins s’en inquiétèrent bientôt, car peu à peu elles réveillèrent la bourgeoisie, qui, sortant de sa torpeur, se montra disposée à soutenir ces nouveaux défenseurs du peuple contre les chefs de l’Hôtel de Ville. On vit alors les sections s’animer de nouveau, et la Municipalité se rappela avec une colère mêlée d’effroi le soulèvement des citoyens au mois de mai. C’était pour toutes les fractions des Jacobins une preuve frappante de la haine que la France portait à leur domination et une exhortation à rester étroitement unies. Aussi Robespierre approuva-t-il pleinement la Commune, lorsque celle-ci fit mettre Roux en prison et dispersa les orateurs des sections par des arrestations et des coups. Il n’y eut plus qu’une voix parmi les Jacobins pour demander qu’on terrifiât les aristocrates, qu’on opprimât les riches, qu’on écrasât les traîtres. Sur les pressantes instances de Robespierre, le tribunal révolutionnaire envoya le général Custine à l’échafaud. Chaque jour, le club retentissait de plaintes contre le Comité de Sûreté générale, qui retenait les pièces du procès des Girondins et de celui de la reine. « II faut enfin, disait-on, s’occuper sérieusement d’emprisonner tous les suspects, de nourrir le pauvre peuple, d’équiper une armée révolutionnaire pour combattre les aristocrates de l’intérieur. » Le parti de l’Hôtel de Ville recommençait à lever la tête, Robespierre faisait cause commune avec lui, Danton n’osait plus résister au torrent. Le 29 enfin, Billaud-Varennes parut à la Convention; c’était un partisan déclaré de la Commune, avec laquelle il avait scellé son alliance dans le sang des victimes de septembre. Ayant