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RÈGNE DE LA TERREUR EN FRANCE.

travaillèrent les soldats par tous les moyens possibles, élevèrent la solde des troupes, délivrèrent chaque jour des rations de vin (1) et annoncèrent que Toulon était liguée avec les Anglais et allait livrer la flotte aux ennemis. Il réussirent ainsi à maintenir les régiments dans l’obéissance, et à la fin d’août, lorsque le général Carteaux soumit Marseille, toute la population de la côte se prononça en faveur de la Convention. Toulon, entièrement abandonnée, se vit donc menacée d’une inexorable vengeance. Dans cette situation, la bourgeoisie se décida, le 23 août, à tenter la démarche que Barras lui avait d’avance imputée à tort elle demanda du secours’à l’amiral anglais Hood, qui bloquait le port de concert avec l’Espagnol Langara, et admit les alliés dans sa citadelle. L’amiral anglais déclara alors que, jusqu’à la paix, il prenait la ville et la flotte en dépôt pour le roi Louis XVIt. Ce coup fut rude pour la République. Sa meilleure flotte perdue, le drapeau monarchique déployé, une opposition intérieure liguée avec les puissances étrangères, c’étaient là autant de faits graves, qui pouvaient susciter de sérieux dang’ers. Aussi la Convention ne sut-elle pas trouver de termes assez énergiques pour flétrir cette trahison. <rLes Toulonnais, disait-on, ne sont plus des Français, ce ne sont même plus des hommes, il n’en sera fait mention désormais que dans l’histoire des parjures et des félonies. H Ce fut un dernier prétexte pour accroître encore la terreur qui pesait sur la France, pour réunirplus étroitement les partis révolutionnaires, et pour fixer la politique du gouvernement dans le sen~ des factions les plus violentes. Il importait de soumettre le pays à une police illimitée et toujours active, de menacer d’une mort immédiate tout fauteur de mouvements hostiles, d’attacher à l’autorité actuelle les instruments de cette tyrannie, les prolétaires parisiens, par des promesses de bien-être et de butin. Avant mérns l’Hôtel de Ville et le club eussent formulé ofïicieHement leurs demandes à ce sujet, la Convention se déclara prête à satisfaire aux vœux de toutes les factions. Le 3 septembre, elle ’promulgua la loi sur l’emprunt forcé d’un milliard, réclamée depuis si longtemps, décréta une nouvelle diminution dans le (1) Rapport ~o Jean Bon SMnt-Atidrc & la Convention national, 9 septembre.