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&1~ RÈGNE DE LA TERREUR EN FRANCE.

ainsi que t’armée du Nord, qui, indépendamment des garnisons, avait compté à la fin de juillet quatre-vingt-dix-sept mille hommes échelonnés entre Dunkerque et Maubeuge, avait diminué de dix-sept mille après la perte du camp de César, sans avoir eu à soutenir une seule bataille sérieuse (1), et que tous les détachements isolés s’étaient évanouis sans laisser de traces. La cause de ces défections étaU toujours la même; elle se trouvait dans la nature même du gouvernement démocratique, qui gaspillait ses immenses ressources au bruit de pompeux discours et au milieu d’une confusion toujours croissante.

Le général Kilmaine fut remplacé à l’armée du Nord par le général IIouchard, commandant de l’armée de la Moselle. Custine avait dit autrefois < Houchard est bon pour conduire une division, mais un commandement en chef le perdrait. » Il était impossible de mieux juger ce’ général. C’était un sabreur, faible de caractère et d’une conception lente, qui avait su gagner la faveur du Comité de Salut public par des fanfaronnades et des diatribes patriotiques (2), et qui avait fini par se croire invincible. Mais, à peine eut-il pris possession de son nouveau commandement qu’il fut entraîné et étourdi par le tourbillon des soucis, des privations et des dangers dont il se vit entouré. Il trouva près de chaque corps d’armée de nombreux représentants du peuple, qui l’accablaient d’exigences inconsidérées ou brutales, mais toujours contradictoires. Quant au ministre de la guerre, il lui écrivait de ne pas écouter les savants tacticiens, mais seulement les vrais sans-culottes; qu’on ne pouvait pas lui donner de conseils précis, mais que la patrie attendait de lui de grandes choses. JL’état-major de l’armée, de même que toutes les administrations d’alors, était déchiré par la haine et divisé en trois partis, dont chacun cherchait à s’emparer de l’esprit du général eh se plaignant.amèrement de ses adversaires. Les plus capables d’entre ces officiers étaient sans contredit les adjudants généraux Barthélemy et Vernon, qui, heureusement pour l’armée, surent bientôt établir leur influence, mais qui, malheureusement pour Houchard, étaient des partisans déclarés de Custine, et; comme (<) D’après tes états des archives de la guerre.

1(2) II avait proposé de tourner immédiatement la garnison de Mayehce contre les Prussiens, malgré la capitulation, attendu, disait-il, que des soldats républicains ne pouvaient être liés parla parole d’un mauvais coinmandtmt.