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430 REGNÈ DE LA TERREUR ÉN FRANCE.

du Nord, et fut, au bout de deux mois, incorporée officiellement à cette dernière (1). Si l’on regarde comme une gloire pour la République d’avoir mis de cette manière quatorze armées sur pied, l’Allemagne de 1865 aurait droit à une gloire deux fois plus grande, car elle ne posséda pas moins de trente-trois armées. Ces considérations générales éta.ient nécessaires pour donner une image exacte du gouvernement révolutionnaire, aussi bien que pour aider à apprécier les opérations de guerre. Il est certain qu’il serait injuste de juger d’après les règles ordinaires les actes des généraux placés au milieu de ce chaos, et la Convention, après avoir produit tout ce désordre, se rendit coupable d’une barbarie sans exemple en punissant le plus petit échec par l’échafaud. Mais, ce qui est indépendant du désordre de l’administration militaire, c’est l’intelligence créatrice; la conception de plans nouveaux, l’activité et l’énergie, et, sous ce rapport, Carnot et Jourdan se montrèrent peu supérieurs a Cobourg et a Houchard (2).

En effet, tandis que les alliés s’entêtaient à renouveler les fautes qui leur avaient été si fatales devant Dunkerque quatre semaines auparavant, Jourdan, de son côté, resta fidèle à celles par lesquelles Houchard avait épargné une ruine totale aux alliés. Sans doute, il eut raison de poster à VItry, loin de l’ennemi, les bataillons fournis par le dernier recrutement et sur lesquels on ne pouvait encore compter avec certitude (3) mais il dispersa inutilement ses forces en plaçant en observation devant chaque poste du cordon d’York un détachement plus considéble, et il enleva par là à l’action principale près de cinquante mille hommes échelonnés entre Lille et la mer. Il ne lui restait donc plus que quarante-cinq mille hommes pour attaquer Clerfayt, et ce fut aux fautes de son adversaire bien plus qu’à ses (i) A la tm de décembre, comme l’on voulait que les quatorze armées fussent représentées à la fête célébrée en l’honneur de la prise de Toulon, et que l’armée de Mayencc et l’armée intermédiaire n’existaient plus, on imagina d’inscrire au programme une armée du llaut-Rl~in, et une ca>~mée révoh~tinnnaire. programme une surtout ici 7/aM<-jR/<K, et une calme t’~t)oA<on?;a:y< Soult; (2) Je m’appuie surtout ici sur le jugement calme et sensé du maréchal Soult, pour le reste, on verra dans le troisième volume les pièces authentiques relatives à la campagne de 1794.

(3) « La nouvelle levée, écrit-il le 3, n’est pas tout à fait organisée, la majeure partie des bataillons formés n’apoint d’armes, ils nepcuventrcmplacerles anciennes troupes. ))