Page:Sybel - Histoire de l’Europe pendant la Révolution française 2.djvu/436

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

tas 2 RÈGNE DE LA TERREUR EN FRANCE.

troupes, dont un cinquième manquait d’armes et les deux tiers de souliers, et enfin à la situation de l’armée ennemie, qui, placée entre trois forteresses conquises, était toute disposée à se battre (1). Aussi Carnot ajoutait-il dans une lettre confidentielle « On ne désire nullement que Jourdan pénètre en Belgique tout ce que l’on demande, c’est que l’ennemi soit repoussé hors du territoire français. Ces dépêches placèrent le général dans la plus critique des situations, car une seule chose était claire pour lui, au milieu de tant d’ordres contradictoires, c’est que sa tête était à chaque instant en jeu. De plus, il fut sommé d’envoyer quinze mille hommes en Vendre et autant à l’armée du Rhin, ce qui l’affaiblit considérablement et réduisit les forces dont il pouvait disposer à quatre-vingt-dix mille hommes, malgré les renforts constants que lui procurait le recrutement. Dans cet embarras, il fit tout ce qu’il lui était possible de faire il tenta quelques démonstrations sur la Sambre et une attaque sur la Lys, et obtint que le commissaire de la Convention Duquesnoy, ami de Carnot, rendit compte de l’impossibilité de remporter dp nouveaux avantages dans une saison déjà aussi rigoureuse. Le Comité retira ses instructions (2) mais Jourdan devait bientôt éprouver que Carnot était impuissant à le protéger contre le mécontentement du gouvernement.

Ainsi se termina la campagne de Flandre. Les deux adversaires se fatiguèrent encore pendant quelques semaines par de petits combats livrés sur la frontière, puis enfin, vers la fin de décembre, après avoir perdu plus de monde par la faim, le froid et les maladies que par les combats, ils prirent l’un et l’autre leurs quartiers d’hiver. Jourdan apporta dans la disposition des siens un ordre intelligent, et réunit ses troupes en masses aussi compactes que possible, afin de ne pas exposer les batailtons non exercés des surprises ennemies. Mais, comme il laissait par la aux troupes légères dps alliés la possibilité défaire sur les points non gardés des expéditions qui, du reste, ne pouvaient avoir en vue que le pillage, le Comité insista pour qu’il étendît ses quartiers c’était adopter le système de cordon qui venait d’être si (1) Opinion du maréchal Souit.

(2) Carnot à Jourdan, A novembre « Le Comité a cru devoir fixer moins impérieusement le système des opérations.