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SITUATION DU PAYS.

et que les arrestations opérées en France dans le même temps se sont élevées à plus de deux cent mitle. Nul ne songeait plus à résister, un seul sentiment se manifestait dans la population, celui de la conservation personnelle chacun cherchait à sauver son existence à force de soumission et d’obscurité. Le gouvernement qui comprenait à quel point toutes ces violences lui attiraient la haine générale, voulut au moins assurer sa sécurité matérielle prétextant de nouveaux armements, il rendit le 15 décembre un décret qui ordonnait, sous peine des plus sévères châtiments, la remise de toutes les armes. Ce décret fut exécuté avec une telle rigueur que, deux mois plus tard, le gouvernement avait la certitude qu’il n’existait plus, depuis la Meuse jusqu’aux Pyrénées, une ville ni un village qui possédât un seul fusil (1). Ainsi donc, si les habitants avaient encore pu songer à se révolter, les moyens d’exécution leur auraient fait complètement défaut (2). Nous n’avons pas besoin d’ajouter que c’était Paris qui donhait aux provinces l’exemple dp cette épouvantable tyrannie. L’armée révolutionnaire de la capitale surpassait en cruauté et en infamie toutes les bandes des départements réunies Des plaintes constantes étaient adressées à la Convention contre les amis de Ronsin, qui ne reculaient devant aucune brutalité pour arracher aux paysans leur argent et leurs biens, et qui avaient été jusqu’à tenir il un fermier les pieds dans le feu de son foyer tant qu’il ne leur eut pas livré la clef de l’armoire qui renfermait son argent. Dans la ville, le nombre des arrestations s’était bientôt élevé à cinq mille. Les prisonniers recevaient à leurs frais communs une nourriture uniforme et misérable, et ne pouv-lient communiquer avec leurs familles que par écrit. Le tribuml révolutionnaire fonctionnait régulièrement avec une activité toujours croissante. Le octobre, après avoir passé â la Conciergerie deux mois pendant lesquels elle avait été soumise aux plus indignes traitements, la reine elle-même fut amenée devant .te tribunal. Ses vêtements étaient en lambeaux, les chagrins (1) C’est ce que Mallct du Pan aaûon~ au gouvernement anglais ant’us de miMuficuscs informations. A Paris cependant, le Comité de Salut p,,blic’~td<r Museler cet ordre avMU.i h.douh)eme~dc~eut.le 23JuH?.mises alors furent rendues aux habitants novembre, un décret d~vention.

(2) MaUet, y)/eHto!~ II, p. 8, ia.