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it62 RÈGNE DE LA TERREUR EN FRANCE.

Nous pouvons ici passer un peu plus brièvement qu’ailleurs sur la partie militaire des événements, car la gloire de Bonaparte a fait connaître ceux-ci dans le monde entier. La ville de Toulon est située au fond d’un golfe de plus d’une lieue, lequel est divisé en deux rades, l’une intérieure et l’autre extérieure, par un promontoire qui s’étend de l’ouest à l’est. Les Anglais, reconnaissant l’importance de ce point, s’étaient fortement retranchés sur le promontoire, éloigné de la ville d’une lieue environ. Le plan de Bonaparte consistait âne pas attaquer directement la ville, mais à se rendre maître de cette position, d’où son artillerie pourrait balayer les deux rades et forcer les flottes ennemies à quitter promptement le port. Il prévoyait que, dans ce cas, les alliés n’exposeraient pas leur garnison à une ruine certaine et se hâteraient d’évacuer la ville (1). En conséquence, le fort anglais fut attaqué par une colonne d’élite, dans la nuit du 16 au 17 décembre, et conquis malgré une vive résistance. Les prévisions de Bonaparte ne l’avaient pas trompé le conseil de guerre des alliés déclara d’une voix unanime que la place ne pouvait tenir plus longtemps, et ordonna le prompt réembarquement des troupes. La surprise et la consternation des habitants furent sans bornes, et ne se calmèrent que faiblement lorsque les amiraux offrirent de recevoir à bord des flottes tous ceux qui avaient quelque danger à redouter de la domination républicaine (2). On vit alors des milliers d’hommes se précipiter sur les quais avec tout ce qu’ils avaient pu réunir de leurs biens et de leurs richesses, chacun cherchant à devancer son voisin. Dans cette confusion, des femmes furent séparées de leurs maris, des enfants de leurs mères des bateaux trop chargés sombrèrent, et les malheureux fugitifs qu’ils portaient furent engloutis dans les flots. Peu à peu la nuit s’étendit sur ces scènes de désolation les troupes avaient déjà évacué les forts situés sur les (1) La nouvelle édition de la Correspondance de Napoléon montfe que, quoiqu’il regardât ce résultai comme très-probable, il se préparait pour le cas où la garnison voudrait soutenir le siége malgré la retraite de la flotte. Il~st intéressant de voir les explications de sir Sydney Smith, qui se trouvait alors à Toulon « Thé nature of thé ground is such rouud this extensive bay, timt uniese wc possess and maintain every height and every point for fifteen miles in circonférence, thé enemy would bc able to force thé Neet to relinquish their anchorage. » Lettre à lord Auckland, 12 décembre.

(2) Les détails suivants sont tirée de Lauvcrgnc, ~M~o~ë du département ~M Var.