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~66 RÈGNE DE LA TERREUR EN FRANCE.

de cent pièces d’artillerie, et dispersé toutes les gardes nationales jusqu’au dernier homme.

Mais cet héroïsme, qui continua à se manifester pendant six mois par des faits d’armes toujours plus brillants et une abnégation toujours plus grande, n’amena jamais qu’un repos passager après chaque victoire, en effet, les paysans se dispersaient de nouveau et des querelles jalouses divisaient les chefs; quant au pays, ruiné par de constantes dévastations, il voyait ses ressources diminuer de jour en jour. Les républicains, au contraire, mettaient le temps à profit pour réparer leurs pertes, et recommençaient bientôt leurs attaques contre des provinces épuisées. Après son échec, Rossignol avait quitté son commandement pour en prendre un en Bretagne mais, sur la proposition de Bouchotte, il avait été remplacé par le général Léchelle, son égal en incapacité. Léehelle était un homme tout à fait ignorant, qui ne demandait qu’à brûler et à dévaster, et qui n’avait aucune idée de la situation du pays ni des devoirs de sa position; il coupa court, par exemple, à la délibération de son premier conseil de guerre pour donner l’ordre de ne marcher qu’en marches majestueuses. Par bonheur pour l’armée, il se tint soigneusement à l’abri des coups lors de chaque rencontre, laissant par là toute liberté d’action aux généraux placés sous ses ordres, c’est-à-dire à ficher, actuellement chef des Mayençois, à Marceau etàWestermann, qui étaient bien’autrement capables que lui. Le général Canclaux avait porté la faute de Rossignol et avait été destitué cependant, ce fut conformément au plan conçu et proppsé par lui que furent conduites les hostilités pendant le mois d’octobre. Il s’agissait de nouveau de partir des différentes frontières du Bocage pour gagner le centre du pays mais, cette fois, on forma deux colonnes principales, dont l’une devait se diriger de Nantes vers le sud-est, et l’autre de Bressuire vers le nordouest, pour se réunir aux environs de Mortagne et de Chollet. Ce mouvement fut accompli par les généraux Kléber et Chalbos, après quelques combats dans lesquels la victoire favorisa successivement les deux partis, et au milieu des plus horribles dévastatipns. Le 16 octobre, les deux colonnes se rejoignaient à Chollet, ayant devant elles l’armée catholique du Bocage, qui, entourée de fugitifs de toutes les parties du pays, de femmes,