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SITUATION DU PAYS. &69

le général Danican, bien que sans recours de Rossignol pendant plusieurs jours, leur opposa une résistance invincible, et les Vendéens, décourages encore une fois, tournèrent le dos à la ville. Ce qui surtout décida de l’issue de la campagne, fut qu’en ce moment même le Comité de Salut public, malgré Hébert et Bouchotte, osa enfin révoquer Rossignol et donner le commandement intérimaire au jeune général Marceau, soldat habile et rempli d’ardeur. A dater de ce moment, les mouvements des républicains reçurent une impulsion nouvelle, tandis que chez les .Vendéens, au contraire, la discipline, l’ordre et le courage allaient s’affaiblissant chaque jour. Le général Westermann, sans leur laisser le temps de reprendre haleine, les fit poursuivre par sa cavalerie, les repoussa de La Féche vers Le Mans, et enfin leur livra, le 12 décembre, une bataille exterminatrice et décisive. Depuis longtemps, nul ne connaissait plus le mot de pardon; tous les blessés furent donc mis à mort, et les femmes et les vieillards fusillés aussi bien que les combattants; cette journée coûta ainsi la vie à plus de quinze mille personnes. Les restes de l’armée vendéenne errèrent encore pendant quelques semaines sur les bords de la Loire, cherchant vainement un point sur lequel ils pussent passer ce fleuve Larochejaquelein réussit à regagner son pays avec une poignée d’hommes; quelques milliers d’autres trouvèrent un abri et une retraite chez des paysans bretons qui partageaient leurs sentiments; quant à la masse principale des insurgés, les uns furent exterminés dans une suite de petits combats qui se prolongèrent jusqu’à la fin de décembre, les autres furent traînés dans les prisons des villes voisines, où les attendait un sort bien plus cruel encore. La campagne du nord de la Loire se termina par la destruction totale des vaincus.

Pendant ce ’temps, les représentants Carrier et Francastel avaient organisé à Nantes et à Angers leurs tribunaux, ou, pour mieux dire, leurs hordes d’assassins, et ils exerçaient contre les rebelles tout ce que le système de la terreur avait pu enfanter d’atrocités et de crimes. Leurs cours martiales faisaient fusiller de cent cinquante à deux cents personnes par jour; ce qui n’empêchait pas Carrier de faire noyer les prisonniers par centaines. De toutes les exécutions de ce genre qui eurent lieu