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BRUXELLES. – FRANCFORT. <- LONDRES. M

perdu l’habitude du maniement des armes, et le gouvernement y avait renonce & coopérer aux actes qui devaient décider du sort des nations. Les hommes d’État de ia Haye usaient leurs forces aux débats difficiles et compliqués suscités par la constitution intérieure du pays, et la population prenait un intérêt très-médiocre à ces discussions, qui avaient pour but non d’étendre mais de conserver un pouvoir gouvernemental complètement impuissant. Cette population appliquait comme autrefois son activité et sa force & l’industrie, à la culture des champs, au soin des pâturages, régnait sur tous les marchés commerciaux de l’Europe et couvrait les mers de ses pavillons. Une dévotion austère régnait dans tous les rangs de la société; mais, chez les hautes classes, venaient s’y joindre le goût de l’instruction et un luxe solide les maisons de quelques riches négociants d’Amsterdam sur-t passaient en magnificence bien des palais princiers, et l’on voyait à la Haye des jardins particuliers fermés et séparés des rues par des grilles d’argent massif. Pour ce qui concernait les affaires publiques, on vivait sur le souvenir d’un passé glorieux et l’on conservait soigneusement les institutions anciennes mais on manquait partout de cette activité et de cette impulsion qui ne peuvent découler que d’un sentiment national vif et puissant. Cette situation se manifestait surtout parl’absence des moyens de défense qui sont la première condition de l’indépendance politique d’un pays. La marine, sans doute, était toujours excellente en Hollande, mais l’armée y était dans un état déplorable. Elle consistait en une milice complètement désorganisée, en troupes de ligne sans discipline, sans habileté militaire, placées sous les ordres d’officiers âgés et sans énergie, et en quelques régiments allemands à !a solde des États généraux, lesquels n’étaient tenus, en vertu de leurs conventions, qu’à des services très-restreints. Dans de telles circonstances, le gouvernement ne pouvait avoir d’autre désir que celui de conserver la paix et la neutralité, et il évitait avec soin tout prétexte d’hostilité, de quelque côté que ce f~t.

En France, au contraire, bien des motifs concouraient à engager les possesseurs du pouvoir à attaquer la Hollande. Il avait existé de tout temps des relations entre Paris et Ams terdam; exercer une influence dominante sur les États de Hollande avait tou-