Page:Sybel - Histoire de l’Europe pendant la Révolution française 2.djvu/490

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

~g REGNE DE LA TERREUR EN FRANCE.

commissaires chargés d’examiner quels étaient les prisonniers injustement arrêtés et. de proposer leur élargissement. C’étaitpeu sans doute, car cette mesure admettait encore le despotisme arbitraire, sans l’ombre de justice; toutefois, on devait déjà considérer comme un progrès immense que la toute-puissance révolutionnaire fût exercée dans le sens de la clémence. La nation française était si profondément asservie, qu’une certaine popularité s’attachait, parmi la classe moyenne, au nom de Robespierre lui-mcme, depuis que celui-ci combattait Hébert; le décret du 20 décembre accrut encore cette popularité. Robespierre le savait et s’en réjouissait; il y voyait une vague possibilité de donner à son pouvoir un appui nouveau et inattendu, si jamais celui des Jacobins venait à lui manquer.

Mais les lois de Dieu ne permettent pas que la même main qui a renversé l’édifice de la justice le reconstruise le jour suivant. Celui qui s’est rendu coupable de crimes semblables à ceux du fondateur du tribunal révolutionnaire et du dévastateur de la Vendée, élève, par ses forfaits mêmes, les digues qui doivent plus tard lui fermer irrévocablement le retour aux voies légales. Après avoir pendant quatre années employé toutes les forces de son esprit opiniâtre et persévérant à établir et à développer le système du despotisme populaire, Robespierre allait enfin découvrir que son oeuvre avait pris de toutes parts de profondes racines, et l’enveloppait malgré lui dans un réseau inextricable.

Vingt-quatre heures après l’arrivée de la députation lyonnaise, le chef des meurtriers de Lyon, Collot d’Herbois lui-même, parut à Paris où nul ne l’attendait, ses amis pas plus que ses ennemis il fut accueilli avec acclamations par les Jacobins, et par Robespierre avec une colère concentrée. Il savait que ce dernier lui était hostile; it avait suivi pas à pas la réaction dans son développement, et il avait apprécié sur-le-champ toute la portée du décret du 12 décembre mais il était résolu à ne pas laisser sa ruine s’accomplir sans résistance. Tout autre se serait perdu à jamais en abandonnant son poste de son autorité privée quant à lui, il savait sur quelles forces il pouvait encore compter à Paris; il se hâta donc de venir les réunir et les animer par sa présence~ Dès le 2l, il se présenta à la Convention, pour répondre