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LUTTES DE. PARTIS ENTRE LES JACOBINS. 439

révolutionnaire le général Biron, le fils de Custine et tout ce qui restait encore de l’état-major de Mouchard, et qui imposât en même temps à ce tribunal une marche plus énergique et plus prompte.

Le 26, ce fut Barère qui se rétracta à son tour et infligea une nouvelle humiliation à Robespierre. Il s’éleva, au nom des deux Comités, contre le décret rendu le20 relativement à l’élargissement des prisonniers innocents. Après avoir vivement déploré l’indulgence, dont on avait récemment usé envers l’aristocratie, et avoir attaqué le F~M~ Cordelier par de sanglantes allusions, il se répandit en louanges sur la loi des suspects, puis il proposa de charger une section du Comité de Salut public de l’examen des cas douteux. En présence de ce blâme direct, Robespierre ne put se défendre de hasarder quelques timides objections mais BillaudVarennes lui déclara que le décret du 20 avait été arraché à la Convention dans un moment de faiblesse, et qu’il présentait de graves inconvénients. Ce décret fut donc rapporté, et toute mesure en faveur des prisonniers innocents fut déclarée dangereuse. Le système de la terreur absolue prévalait de nouveau; les partisans de la destruction et du carnage l’emportaient encore une fois sur ceux qui craignaient que l’excès du désespoir ne poussât la nation à se révolter.

Les vainqueurs voulurent avant tout se venger des attaques dont ils venaient d’être l’objet, et les Dantonistes, encore pleins de l’espoir de préparer la ruine d’ennemis détestés, se virent à leur tour attaqués de tous côtés. L’épuration des Jacobins donna lieu à un feu croisé d’accusations mutuelles, d’autant plus ardent et mieux nourri que chacun savait que tout membre exclu du club passerait dans les rangs des suspects, et serait, par conséquent, sur le droit chemin de la prison et de l’échafaud. Pendant quelque temps la victoire resta indécise dans cet ignoble combat; les deux partis éprouvèrent alternativement quelques pertes mais, au mois de janvier, l’influence de Collot d’Herbois devint de plus en plus puissante, et la défaite de Bourdon, de Philipeaux et de Camille Desmoulins parut plus imminente de jour en jour. Robespierre prit dans cette lutte une attitude toute particulière. Il n’était pas encore si complètement soumis à ses rivaux qu’il ne saisît toutes les occasions de manifester son me-