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MO RÈGNE DE LA TERREUR EN FRANCE.

pris pour les Hébertistes mais il savait voiler ce mépris sous le chagrin que lui causait la haine qui régnait entre les différents partis, haine que l’on devrait, disait-il, savoir sacrifier aux grands intérêts de la patrie. Il adoucissait les accusations portées contre les Dantonistes, et montrait toujours un certain faible pour Camille Desmoulins, l’ami de sa jeunesse; cependant il sut prendre assez sur lui pour nier publiquement toute participation au F~Ma; Cordelier, et pour demander même aux Jacobins que ce journal fût brûlé. Camille le lui ayant franchement reproché, il s’emporta et témoigna un vif mécontentement de ce que le pécheur endurci méconnaissait la générosité d’une punition si douce et si paternelle. Quant aux autres compagnons de Danton, il ne lui restait déjà plus contre eux d’autre sentiment que celui de la colère; il ne pouvait oublier que c’était en accédant à leurs vœux qu’il s’était placé dans la situation critique où il se trouvait alors. Cette colère, naturellement, s’attaquait de préférence à ceux qu’il avait toujours détestés, à Dubois-Crancé, à Merlin de Thionville, à Bourdon de l’Oise, à Philipeaux, mais surtout à Fabre d’Églantine, qui l’avait décidé à faire cause commune avec eux. Il avait résolu de perdre ce dernier, rien que pour fermer la bouclie à un témoin si bien informé, et, comme on le pense, il trouva en ceci Collot et Billaud prêts à le seconder. Les Dantonistes euxmêmes lui rendirent la réalisation de ce désir plus facile, en poursuivant leurs attaques contre le ministère et en dirigeant même quelquefois leurs coups contre le Comité de Salut public et la nouvelle attitude qu’il avait prise. Le 7 janvier i79/t. Bourdon, entre autres récriminations, attaqua les dépenses faites par Bouchotte pour soutenir le Père DMC/~He, et, énergiquement appuyé par Danton, il.fit décréter qu’à l’avenir aucun ministre ne pourrait rien payer’ sur les fonds du trésor public sans un décret préalable de la Convention. Le Comité de Salut public déclara que, dans les circonstances où l’on se trouvait alors, cette attaque contre les ministres était un acte d’hostilité contre lui-même; il se hâta de faire rapporter le décret dans la séance suivante, et, en même temps, il résolut d’agir sans tarder contre Fabre d’Ëglantine, qu’il regardait comme le véritable auteur de la motion. Le 8 janvier, Robespierre formula contre lui aux Jacobins une foule de vagues griefs, auxquels Fabre ne répondit qu’en