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LUTTES DE PARTIS ENTRE LES JACOBINS. Ml Il

demandant que l’on précisât les accusations; le 12 enfin, Amar annonça à la Convention que Fabre venait d’être arrêté pour avoir falsifié en faveur de Delaunay et de Chabot la rédaction du décret contre la compagnie des Indes, rendu malgré ces deux hommes. Danton tenta vainement d’obtenir que Fabre fût appelé à venir se défendre à la Convention Vadier, membre du Comité de Sûreté générale, s’y opposa; et comme Danton se hasardait encore à demander que le rapport relatif à Fabre fût présenté sans délai, Billaud-Varennes s’écria <; Assigner une époque au rapport serait étouffer une affaire qui mérite la plus grande publicité. Malheur à celui qui, après s’être assis au côté de Fabre croit encore à son innocence Je demande que l’on accorde au Comité tout le temps nécessaire pour qu’il arrive à bien découvrir ces intrigues. B Danton ne pouvait plus douter qu’il n’eût sa place dans le rapport auprès de ses amis déjà poursuivis. « La Convention est mise en coupe réglée; nous y passerons tous chacun à notre tour, » dit Camille Desmoulins. Cependant, le Comité reculait encore devant une attaque directe contre la tête redoutée de Danton. Robespierre, chargé du rapport contre Fabre d’Églantine, y dépeignit sous les couleurs les plus odieuses le talent insinuant et dangereux de cet habile intrigant, et désigna comme ses complices Bourdon de l’Oise, Philipeaux, Merlin de Thionville et Dubois-Crancé, mais sans faire mention de Danton ni de Camille Desmoulins. Le Comité ne voulut-il pas terminer cette affaire sans renverser Danton du même coup, ou le rapport lui déplut-il par d’autres motifs? Toujours est-il que les choses en restèrent là, et que Fabre fut gardé au secret jusqu’à nouvel ordre. Quant à Ronsin, Vincent et Maillard, ils furent bientôt après mis en liberté, sans que l’on donnât suite aux plaintes portées contre eux. Robespierre ne prit aucune part aux courtes discussions qui eurent lieu à ce sujet. Il persistait à garder son attitude d’observateur, et faisait les plus grands efforts pour reconquérir sa prépondérance aux Jacobins. Tous les soirs, il passait de longues heures au club, y parlait sans cesse, dominait tous les orateurs, et se surpassait lui-même en zèle révolutionnaire et en patriotisme. Le 5 février, il présenta à la Convention une de ces grandes dissertations par lesquelles il aimait à d onner une base doctrinaire à ses tendances politiques; cette fois,