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M6 RÈGNE DE LA TERREUR EN FRANCE.

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de mécontentement et de soulèvement, et les Hébertistes de l’Hôtel de Ville comptaient tirer parti de cette disposition au cas où éclaterait un nouveau mouvement révolutionnaire. Mais la loi du 26 leur enleva cette ressource. Les prolétaires acclamèrent avec reconnaissance le Comité de Salut public, qui leur offrait en perspective un bouleversement si complet des propriétés, .et se rattachèrent sans restriction à un gouvernement qui pouvait désormais transformer à son gré tout mendiant en rentier. Ainsi donc, quoique cette loi fût tout à fait dans les idées des Hébertistes, elle porta un coup irréparable à l’influence d’Hébert et de ses amis.

Quant au parti modéré, il ne vit là que le triomphe des idées communistes, et une nouvelle preuve de l’adoption du système de Collot d’Herbois par Robespierre et ses amis. C’est ce que voulait Saint-Just, et ce qu’il exprima sans détours dans le rapport qui accompagnait la loi. Une menace contre les modérés n’y attendait pas l’autre; il les rangeait ouvertement au nombre de ces ennemis de la Révolution qu’on ne pouvait épargner sans se rendre coupable de meurtre envers les patriotes. « Nous ne pouvons, dit-il, nous taire plus longtemps sur l’impunité accordée aux plus grands coupables, à ceux qui ne cherchent à renverser l’échafaud que parce qu’ils se sentent destinés à y monter un jour. Danton n’osa pas lui répondre, quoiqu’il fût évident pour tous que c’était à lui que ces paroles faisaient allusion. Il s’était tu lorsque, peu de temps auparavant, Barére avait fulminé à la Convention contre la politique de paix du parti modéré, politique que Barére lui-même avait cependant pratiquée et représentée pendant de longs mois comme son coopératcur. Il s’était tu lorsque ce même Barére, se mettant en contradiction avec le rapport présenté le 13 novembre par Robespierre, avait déclaré qu’une guerre éternelle aux tyrans de la terre était indispensable au bien de l’État. Il se tut encore en ce moment, lorsque ses ennemis le menacèrent directement. Il lui semblait impossible que Robespierre lui fût hostile et s’unit à Collot d’Herbois pour demander sa tête, après avoir si récemment sollicité son appui contre ce même Collot et ses amis. Il oubliait qu’il avait été pendant près d’un an l’adversaire de Robespierre, et que la haine de ce dernier n’avait pu que s’accroître par l’in-